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EN CE TEMPS-LA
FACHES-THUMESNIL

LES REFUGIES ET RAPATRIES DE FACHES-THUMESNIL.

L’occupation allemande et le rapatriement des civils.

L’ortskommandantur [note] s’installe au 7 rue Carnot, dans la maison du docteur Meurisse. Au 84 rue d’Haubourdin, deux pièces vont servir de prison avant qu’une maison située à l’angle de la rue Carnot et de la place Victor Hugo ne soit transformée pour cette fonction.


L’ortskommandantur de Epehy près de Péronne dans la Somme en 1915

Dès le 14 octobre les premières proclamations couvrent les murs. Toutes les armes, y compris les fusils de chasse, doivent être livrées, leur détention étant passible de la peine de mort. Et les interdits continuent de pleuvoir en même temps que les réquisitions : appareils photographiques, téléphones, cuirs, selles, brides, cordages, crin, laine de matelas, objets en cuivre, en plomb, en laiton, les vélos après avoir été taxés seront réquisitionnés en septembre 1916. On ira jusqu’à recenser les poules et organiser le ramassage des œufs.

Il est interdit de circuler la nuit. Il est interdit de circuler hors des limites de la commune sans un laissez-passer spécifique et obligatoire. Ainsi, nombre d’habitants de la commune connurent des problèmes allant jusqu’à l’emprisonnement.

Une dame sera ainsi condamnée à trois mois de prison pour avoir quitté Thumesnil en pleine nuit avec l’intention d’aller acheter des pommes de terre chez un cultivateur de Templeuve.

"Dans la première quinzaine d’août 1916, une institutrice de Thumesnil, Mlle Aimée Vanhouck, âgée de 26 ans, se rendit à Fretin pour y faire une petite provision personnelle de beurre et d’œufs. Elle portait, au retour, pour environ 40 francs de ces denrées et je vous assure que cela ne faisait pas un gros paquet. Elle eut la malchance de rencontrer un policier allemand qui l’arrêta et la conduisit à la kommandantur de Fretin. Sur l’heure, elle fut condamnée à cinq jours de prison, sans préjudice de la saisie de son beurre et de ses œufs. On la conduisit donc au local de détention des civils. Là, en présence d’un officier qui faisait fonctions de geôlier, annonça à Mlle Vanhouck qu’on allait lui faire coudre des sacs.

- Je suis française, déclara l’institutrice, je ne travaille pas pour l’armée allemande !

Elle avait à peine prononcé ces paroles que le soldat la prenait à la gorge, la terrassait, la rouait de coups, la piétinait, au point qu’elle perdit connaissance. Quand elle reprit ses sens, elle était seule, gisant à terre, tout le corps meurtri. Le lendemain, on lui fit la même proposition, qu’elle repoussa comme la veille, ce qui lui valut quelques coups de plus. Enfin, sa peine achevée, elle sortit de prison dans un état lamentable et se traina tant bien que mal jusqu’à Thumesnil, où elle prit le parti d’aller faire constater ses blessures par un médecin-major allemand à qui elle demanda un certificat. Le médecin se refusa d’abord à croire au récit que lui fit Mlle Vanhouck ; mais bientôt, frappé par l’accent de sincérité de la jeune fille, il rédigea la pièce. Munie de ce papier, l’institutrice déposa une plainte entre les mains du gouverneur de Lille. Grand émoi dans les bureaux. On enquêta ; on contre-enquêta. On fit appeler la plaignante. On insista pour qu’elle revînt sur sa détermination. Et comme elle n’en voulut rien faire, on la congédia en lui disant qu’elle serait informée de la suite donnée à l’affaire. Il va sans dire qu’elle ne sut jamais rien par la raison péremptoire qu’il n’y eût sans doute jamais de suite. Je cite ces faits qui me sont connus, au courant de la plume. Combien d’autres que j’ignore, mais que l’on sait ailleurs ! Il faudra les publier tous avec preuves à l’appui. Il importe que soit écrit en détail le martyrologe de l’occupation et que tous ceux qui le peuvent apportent leur contribution à cette œuvre vengeresse [note]."