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EN CE TEMPS-LA
FACHES-THUMESNIL

LES REFUGIES ET RAPATRIES DE FACHES-THUMESNIL.


Réfugiés belges dans le Nord, août-septembre 1914,
carte postale, coll. Archives départementales du Nord Lille France – Cote 30 Fi 14-18/13

L’espoir renaît, l’armée de secours approchait, on entendait le canon dans le lointain, et les gens croyaient entendre le pas de notre cavalerie. La nuit revint tragique, illuminée par l’incendie, les munitions s’épuisaient ; comme l’avait prédit la dépêche, l’attaque allemande se précipitait et se faisait maintenant avec une grande activité vers le Sud.

Les portes de Douai et des Postes étaient fortement attaquées ; vers midi, on dut renforcer les troupes de défense de ces portes par des prélèvements sur celles affectées à d’autres portes. Soudain la canonnade se tut … Un immense hourrah vint frapper nos oreilles, en même temps, un long appel de trompettes se faisait entendre. Il n’y eut qu’un seul cri parmi nous : ce sont les Anglais … Mais hélas ! … Quelques instants plus tard, lent et majestueux, dominant le crépitement des flammes, le "die Wacht am Rhein [note]" s’élevait solennel dans la lueur rouge de l’incendie. Oh ! Cette minute d’horreur suivant de si près l’espoir, je ne l’oublierai jamais. Lille était tombée glorieusement.

Cependant, le téléphone ne fonctionnant plus, nous n’avions reçu aucun ordre et nous continuâmes la fusillade jusqu’au mardi matin. Nous apprîmes plus tard que les Allemands étaient entrés par la porte de Douai et que le lieutenant David Bompain, qui commandait les troupes de défense de cette porte avait reçu plusieurs blessures et qu’un bon nombre de soldats avaient été tués ou blessés.

Notre tâche était terminée, les uns étaient faits prisonniers, les autres échappaient à la captivité par divers moyens. L’objectif de nos chefs était partiellement réalisé. Nous avions retenu autour de Lille une armée d’environ 60.000 hommes avec une nombreuse artillerie qui n’osait pas avancer par crainte d’être coupée sur ses derrières. Le général allemand, qui croyait trouver dans Lille des forces considérables, au moins 25.000 hommes, trouva au plus 1.500 territoriaux, 500 cavaliers et trois canons inutilisables.

Bien que dépité, car il se sentait joué, il ne put retenir un mouvement d’admiration pour nos troupes. Il eut des paroles dures pour cette défense qu’il jugeait inutile et la tâche disproportionnée qu’on avait demandée aux défenseurs de Lille.