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EN CE TEMPS-LA
FACHES-THUMESNIL

Extrait du journal de Marie Lezaire

Jeudi 13 janvier 1916

Les Allemands réquisitionnent le verre pour leurs immeubles ou casernes. Et nous ? Pourrons-nous jamais retrouver des carreaux pour nos maisons.

Note de Jean Luc Charles

    Mes parents qui habitaient Fives et Hellemmes, dans leurs primes jeunesses, se sont souvenus d’un autre détail : non seulement il n’y avait plus de vitres dans leurs maisons, mais celles-ci étaient remplies d’environ 5 cm de poudre brûlée.


    Collection M. & Mme Ducornetz

    La photo de la rue Allain de Lille ci-dessus pose un doute : Est-ce de la neige ou de la poudre que l’on peut voir partout ?

Vendredi 14 janvier 1916

Chacun ne parle que de l’explosion. Il paraît que vers 5-6 h. du matin (le 11), on voyait des choses horribles et inoubliables qui n’existaient plus quelques heures plus tard. Des personnes affolées couraient en chemise de nuit, pieds nus, du sang sur la figure, des cadavres méconnaissables, suspendus à des poutrelles etc. Mais vite, on s’est occupé de rechercher les morts et les blessés. Les morts ont été conduits dans une école, près de l'église Saint Vincent de Paul. Dans une famille, sur 11, il ne reste qu’un bébé de 6 semaines. C’est un Allemand qui l’a trouvé vivant au milieu des ruines.

Tous les gens sérieux sont d’accord pour dire que c’est la poudre allemande qui est la cause de l’explosion. Les Allemands eux-mêmes l’ont reconnu. Le prince de Bavière a écrit une lettre de condoléances à la Mairie, en disant qu’il n‘y avait eu ni sabotage, ni attentat. Il aurait été mécontent de l’affiche de Von HEINRICH. Ce qui confirme le mauvais état des poudres, c’est qu’hier les Allemands ont noyé 2 bateaux de poudre devant les usines Pardoen et Kuhlmann à Marcq. Un adjoint de la Mairie a dit que c’était très heureux qu’il y avait eu près de l’Arsenal les filatures LE BLAN et WALLAERT, car les grosses constructions, qui ont été démolies, ont probablement offert de la résistance et pris une grande partie de la force explosive qui ravageait tout, sans cela la ville aurait été plus détruite.


Les deux usines textiles, la filature Wallaert et la retorderie de coton Le Blan, ont protégé les constructions situées juste derrière, au nord-est de la ville.

Le père TIBERGHIEN qui a été voir le quartier détruit, dit qu’il y a des munitions au milieu des décombres. La rue Desaix qui entourait l’Arsenal n’existe plus. Il n’y a que des monticules de démolitions et certainement encore beaucoup de morts dessous.

Il y a jusque maintenant une centaine de morts déclarés. L’enterrement a lieu demain. Les cercueils seront devant l’église Saint Vincent de Paul. Monseigneur CHAROST donnera l’absoute et les conduira au Cimetière du sud. L’autorité allemande a demandé à être représentée. Les Allemands permettent d’aller au Cimetière sans laissez-passer de 10h à 14h. On ne connaît pas le nombre de victimes allemandes, les uns disent 50, d’autres 100. Eux ne disent pas.