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EN CE TEMPS-LA
FACHES-THUMESNIL

L’explosion des « 18 Ponts » le 11 Janvier 1916

En avril 2004, Jean Luc Charles recevait une lettre de Maurice DUBOIS, ancien collègue et ami de l’IMFL (Institut de Mécanique des Fluides de Lille) et de l’ONERA (Office National d’Etudes et de Recherches Aéronautiques).
Cette lettre accompagnait un extrait du journal de guerre de Marie Lézaire, concernant la catastrophe des 18 ponts.
Ce journal nous servira à illustrer cet article sur cette catastrophe qui a profondément marqué Lille.

Maurice DUBOIS, après avoir fait ses études à l’EPIL, a l’opportunité de rentrer dans cet Institut Universitaire de Recherches Aéronautiques en 1937. Expérimentateur (technicien) durant les années d’avant guerre, il participe à des campagnes d’essais exaltantes. 1940, l’IMFL se replie sur Toulouse durant cette période difficile pour tous (le repli se fit pour certains à vélo) où le travail reprend dans une ancienne église désaffectée.
A la Libération, une partie du personnel rentre à Lille. L’IMFL devient, de 1946 à l950 un établissement de l’ONERA, dépendant du Ministère de la Défense. Des réductions budgétaires entraînent l’Institut à redevenir Universitaire. Une partie du personnel est obligée de s’expatrier dans les souffleries de l’ONERA, à Meudon-la- Forêt près de Paris ou à Modane en Savoie dans la plus grande soufflerie d’Europe. C’est donc vers les Alpes que Maurice DUBOIS s’en va pour y faire le reste de sa carrière. Il sera durant ce temps le « spécialiste des balances des souffleries de Modane ». On peut le qualifier comme « l’homme qui détient les trésors des souffleries [note] ».
Pour clore ce tableau succinct de cet homme attachant, il faut savoir que tout ce qu’il raconte ou écrit sur sa vie est un puits de vérité, en effet il avait toujours sur lui un carnet de notes très fourni en détails dans lequel il puise chaque moment de sa vie et de la vie des autres.

St. Vital, le 28 Avril 2004




Cher Monsieur Charles,

Comme annoncé, je vous envoie, ci-joint, un extrait du Journal de Guerre de Marie Lezaire, concernant la catastrophe des 18 Ponts. Ces quelques pages sont le témoignage direct de quelqu’un qui a vécu l’événement.

Marie Lezaire, est née en 1884, célibataire à ce moment, aînée de 5 filles, habitait rue de Roubaix avec son père, ses plus jeunes sœurs et les 3 enfants de la 2ème fille, qui n’avait pu rejoindre Lille au début de la Guerre (elle était dans la Somme avec son mari).

Du 1er jour de la Guerre, le 2 Août 1914, jusque fin 1916 (où elle fut évacuée avec les 3 enfants qui rejoignaient leurs parents), elle écrit sur un cahier d’écolier tout ce dont elle fut témoin.

Marie Lezaire devint, après la Guerre, la belle sœur de mon oncle André DUBOIS, qui épousa la plus jeune des filles. C’est par les descendants de mon oncle, décédé il y a longtemps, que j’ai pu il y a deux ans, compulser ce cahier. Marie, qui avait épousé le Docteur Jules DEFAUX (qui a été, je crois, conseiller municipal à Lille) était décédé sans descendance.

J’avais, d’autre part, pu retrouver, il y a quelques années, deux petits carnets, écrits par ma mère, couvrant les années 1917 et 1918. Ma mère, née en 1891, travaillait dans le magasin de bonneterie FOCQUEU-VANHOVE que tenait ma grand-mère, dans la Vieille Bourse, sur la Grand’Place (j’y ai passé toute mon enfance). Ma grand-mère avait aussi une maison à Mont-à-Camp (Lomme) qui était plus proche du front. De ces 2 endroits, stratégiques, elles ont aussi été témoins d’événements importants.

Ces deux récits de Marie Lezaire (14-18) et de ma mère (17-18) se complètent donc. J’avais formé le projet de rédiger un texte sur l’occupation allemande à Lille, à cette époque. Mais j’hésite devant l’énormité de la tâche (quelques centaines de pages).

Je vous joins aussi des copies de photos des ruines de l’usine Wallaert que j’ai pu récupérer sur internet sur le site « Lille 1900 – Cartes postales » que vous devez certainement connaître. J’y ai trouvé aussi des photos sur les destructions causées par le bombardement du siège de Lille, en octobre1914. Je m’y étais connecté, il y a 2 ans mais je n’y arrive plus maintenant. Pourquoi ?

Je vous signale un ouvrage intéressant et bien documenté sur les guerres 14-18 et 39-45 à Lille, le livre « Carrefour des Invasions » de François Debergh et Jean Piquet – Editions France-Empire – 1966.

Vous pouvez évidemment, si cela vous intéresse, publier le texte de Marie Lezaire, en citant les sources.

J’aimerais avoir votre opinion sur ce récit.

Vous en souhaitant bonne réception, je vous envois mes amicales salutations.

Signé Maurice DUBOIS