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EN CE TEMPS-LA
FACHES-THUMESNIL

Extrait du journal de Marie Lezaire

Mercredi 12 janvier 1916

Vers minuit le canon à grondé très fort. On voyait la lueur de l’éclatement.

Aujourd’hui, en ville, on ne voit que des carreaux de remplacement, en carton, gros papier ou bois. Le froid pénètre. Que deviennent les malades ?

Aujourd’hui, on retrouve encore des morts dans les décombres et des personnes ensevelies vivantes. On a retiré aujourd’hui une femme de 71 ans qui n’était pas morte. On entend des gémissements, des appels de dessous les décombres.

On s’interroge sur la cause de l’explosion. Les uns disent que c’est le canon anglais, d’autres, des bombes lancées d’avion ou de dirigeable. D’autres encore, que c’est la poudre allemande qui n’était plus préparée avec les mêmes matières. Deux dépôts en Allemagne, dont un Munster, auraient sauté pour la même raison.

Les Allemands cherchent un coupable. Ils ont mis aujourd’hui une affiche. Ils soupçonnent un acte criminel et promettent une récompense de 1000 Marks à ceux qui pourraient permettre de l’élucider.

La population est avertie du danger qu’il y a à toucher des munitions dispersées. La partie détruite de la ville est mise sous surveillance pour éviter les pillages. La recherche des disparus doit être faite par l’intermédiaire de la Mairie.

Il semble que s’il y a un ou des coupables, il est impossible de les arrêter et les condamner car en mettant le feu aux poudres, ils ont dû sauter aussi. De même, les Allemands de garde ou les voisins du dépôt ne peuvent dire s’ils ont vu ou su quelque chose, étant tous morts.

Dans le dépôt il y avait des boulets vides. On les charge à l’arsenal près de la porte de Béthune, d’où ils partent au feu. Il y avait dans la casemate qui est sous les remparts, à côté du dépôt, toute leur provision de poudre : 600.000 kg. On venait d’y entrer une cinquantaine de wagons. C’est cette poudrière qui a sauté. L’entrée est dans un monument de maçonnerie qui est inséré dans les remparts comme une porte de la ville, mais fermée. On l’appelait les « 18 Ponts » à cause du nombre d’arches.


Collection Leroux P. via Cadet A

C’est cette bâtisse qui a sauté et d’elle que viennent tous les blocs de pierre projetés sur le quartier.

Au coin du Boulevard Victor Hugo, il en est tombé une d’environ une tonne. Un Monsieur VIENNE a reçu dans sa maison une autre de 900 kg, etc. Nous en avons vu de très grosses Boulevard des Ecoles, rue d’Arras etc.

La secousse a été ressentie très loin. Il y a des vitres brisées à Carvin, Anstaing, Mons en Pévèle

Et les Allemands ont quand même ce soir une représentation. Le Théâtre est complètement éclairé. Le roi de Bavière loge bien à Roubaix.