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Le Catharisme trouve ses racines dans le Christianisme archaïque des débuts, et possède un certain parallélisme avec la religion Perse Bogomile, bien que celle-ci en diffère par bien des aspects. Les hérésies Chrétiennes du XIe siècle se recoupent toutes plus ou moins, mais le Catharisme tranche par sa complexité, et surtout, son organisation "hiérarchique" par rapport aux autres hérésies. Il s'est répandu à travers toute l'Europe en passant par la Turquie, et la botte Italienne. Il ne perdura cependant que dans le Sud de la France, et dans quelques îlots isolés en Europe, endroits où l'intransigeance de Rome se faisait peu ressentir.
Jean revint vers le manoir. Comme il allait entrer dans la grande salle, des exclamations retentirent. Il fit irruption pour voir les convives entourer le Dominicain qui avait empoigné le troubadour au collet.
- Je le tiens, Monseigneur ! Je tiens le larron, l'assassin ! Regardez !...
Au cou du jeune homme était pendue une petite sculpture au bout d'un lacet de cuir. Une minuscule colombe de pierre blanche percée d'un trou.
- Regardez son amulette : c'est un Cathare ! Un hérétique ! Un suppôt du Diable ! Laissez-le-moi et il avouera son forfait !
- Au nom de Dieu, intima Jean au troubadour, je vous ordonne de me dire la vérité ! Sinon, je vous livre à cet homme.
Le jeune homme s'agenouilla aux pieds de Jean :
- Oui, Monseigneur, je suis Cathare. Et je ne renierai pas ma foi. Je suis prêt à monter sur le bûcher comme mes parents. Mais je suis innocent des crimes qui ont été commis cette nuit.
- Cathare ? Voilà pourquoi vous avez eu peur, hier soir, quand vous avez vu ce Dominicain parmi les convives.
- Pas seulement peur, Monseigneur. C'est lui-même qui a envoyé mon père et ma mère au bûcher. Si j'avais dû assassiner quelqu'un cette nuit, c'eût été lui.
Les yeux du jeune homme flamboyaient de colère. Avant que Jean ait pu esquisser un geste, il se jeta à la gorge du Dominicain. Soudain, dans le mouvement que fit celui-ci pour le repousser, un objet tomba de son scapulaire et rebondit sur les dalles avec un tintement métallique.
- La dague de Myriam !
Une dague longue et mince, au manche damasquiné, à la lame couverte de sang séché.
Le troubadour lâcha son adversaire comme s'il eût touché un serpent. Tous les regards convergèrent vers le Dominicain, chargés de colère et de répulsion. Jean de la Haye rompit le silence :
- Je vous somme de parler !
- Vous me sommez ? Ah ! Ah ! Cette petite catin prétendait me repousser. Je lui ai tordu le poignet et ai retourné son arme contre elle. Fille de Satan ! Egyptienne !
- Vous êtes un assassin ! En vertu des pouvoirs qui me sont conférés, je vous arrête et vous serez déféré devant les juges !
- Déféré ? Moi ? Vous m'amusez, Monseigneur. Je fais partie des Frères Prêcheurs, de la très sainte et toute-puissante Inquisition. Toute-puissante ! Moi, devant les juges ? - son regard devint glacé, impitoyable et il parcourut les visages braqués vers lui - Un seul mot de moi, une seule dénonciation et vous finirez tous sur le bûcher après d'horribles tortures ! TOUS, vous m'entendez ? Nous, Dominicains, sommes au-dessus de vos lois dérisoires. Alors vous allez me laisser partir bien gentiment et vous contenter de chercher votre précieuse relique. Ah ! Ah !
A cet instant, un cri retentit, venant de l'étage.
- C’est Dame Marguerite !
Brisée par tous ces événements, Marguerite de Flandres était montée se reposer dans sa chambrée. Hanté par la pensée d'une nouvelle tragédie, Jean se précipita à l'étage, suivi par ses hôtes. Ce fut pour découvrir une Marguerite tremblante, debout, adossée au chambranle de sa porte et qui désignait du doigt un objet posé sur son coffre.
- La relique !!!
La châsse d'argent trônait au creux de son étamine rouge, au centre du coffre. A l'intérieur, la petite main racornie semblait bien dérisoire dans un écrin aussi somptueux, mais c'était tout de même la main d'une Sainte.
- C'est… C'est un miracle, balbutiait la comtesse de Flandres. Merci, mon Dieu !
- Miracle ! Miracle ! Répétèrent les convives en s'agenouillant. Et le bon père Clément entonna un chant de louanges que tous reprirent en cœur.
Mû par son instinct, Jean de la Haye tourna les yeux vers la fenêtre. Un étage plus bas, il vit le Dominicain traverser en courant la basse-cour en direction des écuries. L'assassin impunissable allait s'emparer d'un ronçin et mettre de la distance entre lui et le lieu de son crime. Jean éprouva le goût amer de l'injustice.