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EN CE TEMPS-LA
FACHES-THUMESNIL

SADE

2014, ce n’est pas seulement le centième anniversaire du déclenchement de la Première Guerre Mondiale, mais aussi le deux-centième anniversaire de la mort de :

Donatien Alphonse François, marquis de Sade.


Portrait de Sade vers 20 ans par Charles Van Loo

Mon propos n’est pas de vous raconter la vie du « divin marquis », des historiens chevronnés l’on fait mieux que je ne saurais le faire. Lisez les études de Gilbert Lely ou Maurice Heine et par-dessus tout l’immense travail de Maurice Lever, élaboré grâce aux archives de famille auxquelles Xavier et Thibault de Sade, derniers descendants, lui ont donné accès.

Pour résumer, Donatien Alphonse François de Sade naît à Paris le 2 juin 1740. Son père n’est pas là, sa mère clouée au lit, les parrain et marraine absents (!) : il est porté sur les fonts baptismaux par les domestiques qui se trompent en donnant les prénoms au curé (il aurait dû s’appeler Donatien Aldonse Louis). Ça commençait fort.

Gosse de riche élevé avec la conviction d’appartenir à une espèce supérieure, le bambin attrape la grosse tête et devient rapidement un jeune homme odieux :
« Je crus, dès que je pus raisonner, que la Nature et la Fortune se réunissaient pour me combler de leurs dons ; je le crus parce qu’on avait la sottise de me le dire, et ce préjugé ridicule me rendit hautain, despote et colère. »
Gamin, à l’hôtel de Condé, il assiste à l’assassinat de sang-froid d’un couvreur par son tuteur le Comte de Charolais, un fou furieux qui tire le malheureux comme un pigeon sur son toit avant de courir se faire absoudre par le Roi.
De cinq à dix ans, il est élevé à Saumane par son oncle Jacques François Paul Aldonse de Sade, abbé libertin qui entretient un harem personnel.
De dix à quatorze ans, il étudie au collège jésuite Louis-le-Grand où flagellation et pédophilie font partie des traditions au point d’être mentionnées dans des rapports de Police.
A treize ans, en vacances à Longeville, il connaît ses premiers émois amoureux auprès d’une ancienne maîtresse de son père, la comtesse de Raimond et de ses amies.
cliquez pour agrandir...A quatorze ans, son père le fait entrer au régiment de Chevau-Légers du Roi où il mène la vie de garnison dissolue traditionnelle des jeunes nobles. A partir de là, il va flamber le patrimoine familial dans une vie de débauche. (Comment voulez-vous qu’un gamin élevé comme ça ne devienne pas un voyou ?)
A vingt-trois ans, son père espérant l’assagir le marie, malgré sa liaison avec Laure de Lauris-Castellane, à Renée-Pélagie de Cordier de Montreuil, petite noble mais grande fortune. Donatien n’en continue pas moins ses fredaines et est incarcéré une première fois à Vincennes pour débauche « outrée et blasphématoire ». Libéré, il poursuit de nombreuses liaisons extra-conjugales avec, entre autres, l’actrice Beauvoisin qu’il fait passer pour sa femme lors d’un séjour à La Coste. Imaginez le scandale.
Son premier fils, Louis-Marie naît en 1767, son second Donatien-Claude en 1769 et sa fille Madeleine-Laure en 1771.
cliquez pour agrandir...En 1768 à Arcueil, il violente Rose Keller et est incarcéré à Pierre-Encise. Puis il dilapide la dot de sa femme pour donner des fêtes en son château de La Coste où il noue une liaison passionnée avec sa belle-sœur Anne de Launay (19 ans) chanoinesse bénédictine.
En 1772 à Marseille il est inculpé de tentative d’empoisonnement sur quatre prostituées et fuit la peine de mort en Italie.
Coupable de voies de faits sur mineures, il est emprisonné à Vincennes en 1777 puis à la Bastille où il écrit « Les infortunes de la vertu » et « Les 120 journées de Sodome ».
Sitôt libéré et bien qu’il se soit définitivement assagi dans les bras de Constance Quesnet, il déplaît à Robespierre qui le renvoie en prison en 1793. Libre mais ruiné en 1795, il publie « Aline et Valcour » et « La philosophie dans le boudoir » puis des romans pornographiques clandestins pour gagner sa vie : « La nouvelle Justine », « Histoire de Juliette » œuvres qui scandalisent, car encore plus subversives qu’obscènes.
Bonaparte ne s’y trompe pas, qui le fait interner sans jugement à Sainte-Pélagie en 1801. Transféré à Charenton où il mourra en 1814, il fait jouer ses pièces par des pensionnaires. Sa dernière œuvre « Les journées de Florbelle » est détruite par la Police.
Son œuvre, comme l’explique Béatrice Didier, est donc une « œuvre d’emprisonnement » (vingt-sept années au total, sous trois dictatures différentes : Monarchie, Terreur et Consulat), un exutoire à la privation de liberté, qui s’exprime avec la violence d’un fauve brisant ses dents sur les barreaux de sa cage.

Ce résumé est totalement insuffisant. Il ne donne pas la mesure des péripéties de la vie de Sade qui se lisent comme un roman. (Par exemple : sous la Terreur, il sauve ses beaux-parents de la guillotine. Déguisée en homme, sa femme paie des brigands pour le faire évader de la forteresse de Miolans) Je vous invite à plonger dans l’étude de Maurice Lever (LA somme !), assez facile à trouver d’occasion sur internet.