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EN CE TEMPS-LA
FACHES-THUMESNIL

Les bombardements

cliquez pour agrandir...Nuit du 10 au 11 mai 1944. Cinq cent six bombardiers anglais sont envoyés sur les gares de triage de Courtrai, Gand, Lens, Lille et Dieppe. Parmi eux, quelques soixante-dix bombardiers lourds "Lancaster" anglais et australiens. Ils ont décollé de Bardney (n°9 squadron), Skellingthorpe (n°50 squadron), Coningsby (n°61 squadron) et Waddington (n°463 et 467 squadrons). Ces deux dernières unités sont australiennes. Les accompagnent les marqueurs de cibles : neuf "Lancaster" du n°97 squadron (de Coningsby) et quatre "Mosquito" du n°627 squadron (de Woodhall Spa). L’objectif justement ? Les ateliers et la gare de Fives-Lille et les usines de métallurgie de Lille-Hellemmes. C’est entre 21h30 et 22h25 que ces appareils ont décollé de leurs différents terrains pour prendre le cap de la France, à l’exception de deux qui feront demi-tour sur ennuis mécaniques.

A 23h20 les "Lancaster" du n°97 squadron illuminent les cibles repérées, cibles marquées à 23h28 par les "Mosquito". Les premières bombes tombent à 23h30 mais leurs explosions obscurcissent le sol, les avions doivent lors tourner au-dessus de l’objectif et attendre qu’une nouvelle illumination suivis d’un nouveau marquage aient lieu à 23h54, le bombardement peut alors reprendre, il va durer jusqu’à environ 00h20 puis les avions mettent le cap sur leurs bases qu’ils atteindront entre 00h45 et 01h55. Du moins pour ceux qui rentrent car douze vont manquer à l’appel, victimes de la flak ou de la chasse de nuit [note] , faisant quatre vingt trois tués (un seul rescapé) qui seront inhumés à Forest sur Marque, Lezennes, Lesquin, Annappes et Hellemmes [note] .

Quatre cent dix sept tonnes de bombes pour traiter le triage de Lille Délivrance déjà anéanti dans la nuit du 9 au 10 avril. Quelques deux mille trois cents bombes, larguées avec la précision habituelle, qui vont ravager le faubourg d’Arras côté Lille et Faches-Thumesnil, le cimetière de Lille Sud, le Mont de Terre et Fives. Des bombes exploseront aussi sur Ronchin, Halluin, Tourcoing et Marcq en Baroeul ! Cent onze morts à Lille où mille six cents maisons sont inhabitables dont quatre cent quarante quatre entièrement détruites. Trente quatre morts à Hellemmes, vingt et un à Marcq en Baroeul et dix neuf à Faches-Thumesnil.

cliquez pour agrandir...Dix neuf victimes dans la commune. Tous les actes de décès porteront la date du 10 mai 1944 à 23h40. La rue Paul Lafargue est touchée, les maisons aux numéros 2, 4, 6 et 18 sont endommagées. Celles qui portent les n°10, 12 et 14 sont écrasées par un chapelet …

Au 10, trois morts. Edouard Riquet, 57 ans, employé. Son épouse, Héléna, 61 ans. Et leur fille célibataire Andrée, 30 ans, infirmière [note] .

Au 12, cinq morts. Jules Rogé, 57 ans, menuisier. Son épouse, Léa, 56 ans, sans profession. Leurs deux enfants : Irène Lievens, veuve depuis deux ans, 31 ans, bobineuse et Lucien, 22 ans, soudeur. Ce dernier s’est marié il y a quelques mois, le 8 janvier 1944, à mademoiselle Maria Goorden, 21 ans. Le jeune couple demeurait encore chez les parents [note] .

cliquez pour agrandir...Au 14, cinq morts également. André Cacheux, 36 ans, commis des hypothèques, rentré de captivité le 1er janvier 1944. Son épouse Jeanne, 31 ans, commis des Postes. Et leurs trois enfants, Monique dix ans, Gérard 7 ans et Jean Claude 5 ans [note] .

Madame Andrée Niclot-Béras, nièce d’André Cacheux : "Ma marraine devait rester ce jour là, le 10 mai 1944, il faisait une très belle journée. Il y avait eu des alertes. Ma marraine travaillait à la Trésorerie Générale, elle était passée voir ses neveux. Mon oncle venait de rentrer, il était rentré le 1er janvier 1944 ; André Cacheux, prisonnier pendant quatre ans en Allemagne. Ma tante a dit à ma marraine Adèle de rester avec ses enfants. Elle a décidé de rester puis au bout d’un moment elle a dit "Oh non, je rentre à la maison", elle habitait 17 ou 19 rue Wagner aux 400 maisons. Après s’être habillée elle est partie, elle a entendu le bombardement. Au bombardement de Lille Délivrance le lundi de Pâques, nous étions dans la cave, nous avions étayé la cave, nous avions peur. Maman est remontée et elle nous a fait boire un verre de rhum. Au bombardement du 10 mai 1944, Papa a dit "ils doivent avoir peur, André et les enfants." Aussitôt mon père est parti. Il est revenu. Il n’y avait que le soupirail debout et le water. Peut-être par le souffle, mais le water était encore debout. Il n’y avait que çà qui était resté debout. Les trois maisons étaient effondrées, la bombe était tombée au milieu. Mon oncle, ma tante et leurs enfants étaient morts. Pourtant mon oncle avait fait un abri dans son jardin. Il fallait soulever une plaque. Il y avait un peu de ravitaillement. Il venait d’y avoir le massacre d’Ascq, çà pouvait nous arriver. Si çà tombe, l’abri n’a pas été défoncé, je ne sais pas … J’ai gardé un morceau de la torpille pendant un moment … André Cacheux, mobilisé dans un état major en septembre 1939 avait réussi à s’embarquer Dunkerque pour l’Angleterre. Il avait été rapatrié sur la France en juin 1940 pour reprendre le combat et avait été fait prisonnier. Libéré il était rentré à Thumesnil le 1er janvier 1944. [note] "