La petite histoire des célébrations de ce jour depuis 1945.
La célébration du 8 mai permet de constater que, depuis 1945, les questions de mémoire ont été au cœur de l'imaginaire national des Français. En effet, le 8 mai apparaît naturellement dans la continuité des affrontements franco-allemands. Il a été éclipsé par le Souvenir et la Victoire du 11 novembre. Déjà, en 1945, c'est la grandiose cérémonie du 11 novembre qui revêt un éclat exceptionnel. Le 8 mai a également été en quelque sorte capté par la fête de Jeanne d'Arc qui, elle aussi, permet de rappeler l'unité nationale et le sentiment de résistance à l'oppresseur. Le 8 mai apparaît donc comme une célébration qui s'est imposée difficilement dans l'histoire, d'autant que les enjeux politiques existent.
De 1946 à 1953, la commémoration de la victoire est fixée au 8 mai si c'est un dimanche; sinon, elle est reportée au dimanche suivant. Comme nous l'avons indiqué, cette célébration est concurrencée par la fête de Jeanne d'Arc que le général De Gaulle a commémorée solennellement le 16 mai 1945, inscrivant ainsi le souvenir de la seconde guerre mondiale dans la continuité historique française. Certains historiens ont noté la coïncidence des dates entre le 8 mai 1429, date de la délivrance d'Orléans par Jeanne d'Arc et le 8 mai 1945. Elle permet d'ailleurs de voiler les divisions de 1940-1944 par une cérémonie unanimiste. Cependant, les associations de résistants et de déportés militent très vite pour rappeler le caractère particulier du 8 mai en organisant une commémoration le jour même. En 1948, François Mitterand, alors ministre des anciens combattants, confirme le caractère non férié de cette célébration mais prononce une allocution radio-diffusée pour en marquer l'importance. En 1951, le gouvernement décide de commémorer la victoire le 8 mai sans attendre le dimanche. La loi du 20 mars 1953 déclare le 8 mai jour férié, répondant ainsi aux vœux des associations de résistants et de déportés en particulier. Le décret du 11 avril 1959 enlève son caractère férié au 8 mai et fixe cette commémoration au deuxième dimanche du mois; cette mesure entraîne la protestation du monde combattant, d'autant que ce texte fait suite au décret du 30 décembre 1958 ayant supprimé la retraite du combattant. Le décret du 17 janvier 1968 reviendra à la célébration du 8 mai, mais en fin de journée. En 1975, dans un souci de réconciliation franco-allemande, M. Giscard d'Estaing, alors président de la République, décide de ne plus célébrer l'anniversaire de la victoire à partir de l'année suivante. Cette décision provoque une grande émotion et fait prendre conscience des enjeux de la mémoire de la seconde guerre mondiale. Gaston Deferre rappelle à l'Assemblée nationale que " les résistants se sont battus contre les nazis et non contre le peuple allemand ". L'arrivée au pouvoir de François Mitterrand en 1981 amène le vote le 23 septembre 1981, à l'unanimité moins une voix, d'une loi rendant au 8 mai son caractère férié.
Cette histoire mouvementée du 8 mai montre que cette date symbolise la seconde guerre mondiale et la lutte contre le nazisme négateurs des valeurs de liberté, d'égalité et de fraternité qui sont au cœur de notre conscience nationale, des peuples européens et plus généralement de ceux qui ont une même conception humaniste et citoyenne de par le monde.
Article paru dans " Les Chemins de la Mémoire ". Avec l'aimable autorisation de la Direction de la Mémoire, du Patrimoine et des Archives – Secrétariat Général pour l'Administration – Ministère de la Défense.
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