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EN CE TEMPS-LA
FACHES-THUMESNIL

DANIEL LEPRÊTRE.
Mort en service commandé à bord de la Minerve le 27 janvier 1968.

Le 27 janvier 1968, à une heure du matin, la Minerve est en rade des Vignettes, devant Toulon, elle procède au débarquement du lieutenant de vaisseau Merlo, officier d’entraînement, suite à une semaine de stage de mise en condition opérationnelle suivant la prise de commandement du lieutenant de vaisseau Fauve [note] . Le sous-marin fait ensuite route vers son secteur de plongée qui est situé approximativement à une douzaine de milles [note] dans le sud-est du cap Sicé. Il est important de noter que la Minerve trouvera donc dans sa zone d’exercices des profondeurs supérieures à deux mille mètres et cela est tout à fait normal devant Toulon où la ligne des fonds de mille mètres passe à une dizaine de milles de la côte et la ligne des fonds de deux mille mètres la suit de très près.

cliquez pour agrandir... Au cours de cette journée, la Minerve doit faire deux exercices de détection magnétique avec un avion Breguet Atlantic du groupement aéronaval n°6 stationné à Nîmes Garons. A cette occasion on vérifiera le radar de l’avion. La Minerve doit ensuite rallier Toulon à l’issue de cet exercice vers 21h, à plus ou moins quatre heures près, incertitude admise.

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Il fait très mauvais temps ce 27 janvier 1968. Au petit jour, période généralement calme, un solide mistral de nord-ouest souffle déjà à une vitesse de 50 à 60 nœuds et ne fera que croître. La mer est estimée force 5 à 6.

Décollant de Garons à 06h54, le Breguet Atlantic commandé par le lieutenant de vaisseau Queinnec passe à 07h15 à la verticale du Planier et établit très correctement une double liaison radio avec la Minerve à 07h19. Par contre, et en raison de l’état de la mer, les émissions de la Minerve ne sont reçues à aucun moment par la base aéronavale de Nîmes Garons. Il est vrai que le sous-marin est en plongée dans une mer creusée qui doit sans cesse mouiller son antenne. Même avec l’avion qui est tout proche, les liaisons ne vont pas tarder à devenir mauvaises. Fort judicieusement, dès sa première prise de contact avec le sous-marin à 07h19, l’avion signale que, à cause du temps, les exercices de détection magnétique sont annulés et qu’il fera seulement deux passes pour vérifier son radar. La Minerve reçoit correctement la communication et effectue les émissions nécessaires à la vérification des appareils de l’avion. Elle lui signale aussi de temps en temps l’azimut dans lequel elle relève ses émissions. L’avion fait d’abord route à l’est vers le sous-marin, tourne sur la droite autour de lui mettant le cap au sud pendant un quart d’heure environ et, enfin, fait route au nord-nord-est vers sa base.

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A 07h37, vingt minutes après le début de l’exercice, les liaisons avec le sous-marin deviennent très mauvaises. La Minerve signale qu’elle a son schnorchel [note] sorti et que ses difficultés de transmission sont causées par l’état de la mer. A 07h43, elle signale encore à l’avion, et très correctement, l’azimut dans lequel elle le relève. A 07h45, l’avion fait demi-tour et revient au voisinage de la Minerve. A 07h55 il lui signale : " Je compte annuler à 08h la vérification radar. " Le sous-marin répond : " Je vous ai entendu. "

Comme il reste quelques minutes avant la fin de l’exercice, le Breguet essaie de capter l’émission que doit faire le sous-marin pour lui permettre de vérifier son radar : il n’entend plus rien. Entre 07h55 et 08h09 l’avion appelle à plusieurs reprises la Minerve mais ne reçoit aucune réponse. En fait l’échange de signaux de 07h55 sera la dernière manifestation extérieure de la Minerve … La cessation des liaisons est relativement brusque. Normalement le sous-marin aurait dû s’assurer que l’avion était en liaison avec Nîmes Garons avant de quitter la veille et il est d’usage d’annoncer la fin de l’émission et d’échanger en se quittant une formule de politesse. L’avion ne s’en est pas inquiété car, étant donné l’état de la mer, il était logique d’admettre que le sous-marin avait perdu l’immersion périscopique à 07h55 sans être en danger pour cela. L’heure de la fin d’exercice était par ailleurs toute proche.