Le roi des Estimaux tenait les plaids [note], assisté de ses échevins, qui devaient être de maison noble et chevaliers : on trouve en effet parmi les échevins des Estimaux, les seigneurs de Roubaix, de Bercu, de Tourmignies, de Lannoy, de Beaufremez, de Comines, de Rosimbos, etc.
Les plus anciens gentilshommes connus qui aient pris le titre de roi des Estimaux étaient de la maison de La Haye. J’ai entre les mains un titre de l’abbaye de Loos, du 2 juillet 1338 où Jehan de La Haye figure comme roy des Estimaux ayant pour échevins Giles, seigneur de Tourmignies, Jehan, seigneur de Fretin et Robert, seigneur de le Warewane. Un autre Jehan de La Haye paraît encore en cette qualité dans un rapport de 1372. Au commencement du 15ème siècle, le roi des Estimaux était Nicolas de La Haye. Catherine de La Haye, fille et unique héritière de Nicolas, porta la seigneurie de Fasches et la royauté des Estimaux à Jean le Monnoyer, dit d’Hérimez, son mari.
A Jean le Monnoyer, succéda son fils Antoine, dont le fils Jean fut roi des Estimaux. Ce dernier n’eut qu’une fille nommée Jeanne, dame de Fasches et reine des Estimaux. Par le mariage de Jeanne avec Antoine d’Hocron, celui-ci occupe le trône, mais ledit Antoine étant mort sans enfants, Jeanne se remaria à François d’Haynin.
Jeanne d’Haynin, fille de François, épousa Lambert Adornes, seigneur de Marquillies qui, en 1631, fit rapport et dénombrement de la terre de Fasches et du royaume des Estimaux. Geneviève Adornes, sœur ou proche parente de Lambert, hérita de ses biens et épousa Michel de Wignacourt, comte de Flêtre. Après Michel, Denis-François, son fils, régna sur les Estimaux ; il vivait en 1697. Puis vint Denis-François-Jacques, puis Balthazar-Pierre-Félix, puis enfin Balthazar-Philippe-Emmanuel de Wignacourt qui fut, ce me semble, le dernier possesseur de cette royauté.
Ainsi nous pourrions établir comme il suit la chronologie provisoire des rois et reines des Estimaux.
La maison de La Haye tire son nom du fief de La Haye, situé à Roubaix. Elle porte ou plutôt elle portait de sable, à trois étoiles d’or, timbrant les cornes d’un bœuf, sortant d’un tortin de guerre.
Cette famille portait écartelé de sable, au lion d’or, armé et lampassé de gueules.
Les D’Haynin portaient d’or à la croix dentelée de gueules.
Armes inconnues [note]. Noble famille génoise qui donna un doge à la république en 1522, dans la personne d’Antoniotto Adornes [note].
Cette famille, qui a donné deux grands-maîtres à l’ordre de Malte, tire son nom de la terre de Wignacourt, en Picardie, laquelle a passé depuis, par vente ou par alliance, à la maison de Chaulnes. Suivant Carpentier, ses armes sont d’argent à trois fleurs de lys de gueules, au pied coupé.