Mes amis, écoutez l’histoire
D’un roi de modeste renom, Car au temple de la Victoire Aucun fait n’a porté son nom. Pourtant sous le ciel de la Flandre On parle de sa Majesté : On peut sans tout réduire en cendre Passer à la postérité. |
Sous son règne, je vous assure,
Heureux vivait le métayer ; Dans cet état sans sinécure, Point de gros traitants à payer. L’impôt que prélevait ce prince (un bon flamand a tout compté) Prouve qu’un revenu bien mince Suffisait à sa Majesté. |
Oh ! Oh ! Oh !
Sans généraux, Régnait le roi des Estimaux. |
Oh ! Oh ! Oh !
Les lourds impôts N’allaient au roi des Estimaux |
Si de ce roi le territoire
Bien étendu ne fut jamais, Chez lui, nous rapporte l’histoire, Régnaient le bonheur et la paix. Comme au berceau de la nature, L’âge d’or brillait sous ses lois ; Jamais il ne devint parjure, De tous il respecta les droits |
Mais quand une main sacrilège
De son peuple froissait les droits, Usant de son beau privilège, Il faisait entendre sa voix. Contre l’ardeur des gens d’église Plus d’une fois il dut lutter, Et des nobles, caste insoumise, Il sut se faire respecter. |
Oh ! Oh ! Oh !
Qu’ils étaient beaux, Les jours du roi des Estimaux. |
Oh ! Oh ! Oh !
Que ses vassaux Aimaient le roi des Estimaux. |
C’est lorsqu’il rendait la justice
Qu’on aimait voir sa Majesté. Toujours résumant sans malice Et jugeant avec équité, Il n’avait pas besoin d’entendre Les longs discours d’un procureur ; L’accusé pouvait se défendre : La pitié parlait son cœur. |
Point n’avait à sa capitale
Ni murs d’enceinte, ni donjons, Là, point d’émeute, de cabale, Jamais de révolutions. Enfin ce roi tout pacifique Plaisait si bien aux habitants Que jamais la République Ne songèrent ces bonnes gens. |
Oh ! Oh ! Oh !
Que de bravos Reçut le roi des Estimaux. |
Oh ! Oh ! Oh !
Quel doux repos Goûtait le roi des Estimaux. |