Toujours le 25 avril, "Le Petit Parisien" revient sur le drame :
La catastrophe de Wicres. Le conducteur de l’autocar, en raison du bruit fait par les voyageurs à l’intérieur de sa voiture, a-t-il entendu les sifflements de la locomotive ?
Le terrible accident qui s’est produit à Wicres n’a pas fait de nouvelles victimes. On en a la certitude maintenant que la voie est déblayée. L’enquête ouverte par M. Henant, juge d’instruction, afin d’établir les responsabilités, a démontré que la locomotive du train n’avait cessé de siffler jusqu’à l’arrivée au passage à niveau. Comment, dans ces conditions, le conducteur de l’autocar, M. Servais, n’a-t-il pas ralenti la marche de sa voiture ? Les témoins ont été unanimes à déclarer que le pare-brise était embué de pluie et que les jeunes ouvrières menaient un tel tapage à l’intérieur de l’autocar que le chauffeur avait fort bien pu ne pas avoir entendu les sifflements du train.
- Avant les obsèques des victimes. La Bassée prépare des funérailles solennelles aux victimes de la catastrophe dont six sont domiciliées dans la localité. Les corps qui avaient été placés dans le dépôt mortuaire de l’hospice ont été mis en bière et remis aux familles. Les cercueils seront amenés lundi à la première heure dans la chapelle ardente commune et les obsèques auront lieu à 11 heures aux frais de la ville. D’autre part, les obsèques civiles de Mlle Geoffrette Grébert et Mme Dewasme-Lavigne se dérouleront dimanche matin à Auchy les Mines.
A La Bassée, de généreuses personnes, sous les auspices de la municipalité, ont organisé des quêtes en faveur des familles des victimes.
Une question se pose au sujet de la responsabilité civile de l’accident. Le chauffeur Servais n’était assuré que pour 100.000 francs, et il est certain que, si sa culpabilité est démontrée, il ne pourra jamais s’acquitter des charges considérables qui pèseraient sur lui. Il est possible, dans ce cas, que la loi du 9 avril 1908 sur les accidents du travail entre en jeu. Les infortunés ouvriers et ouvrières qui revenaient de la Linière de Thumesnil dans un autocar affermé par leurs patrons pourraient être considérés comme tués ou blessés au cours de leur travail. Les blessés toucheraient alors, conformément à la loi, le demi-salaire jusqu’à leur complète guérison et une rente serait versée aux parents des morts, ainsi qu’aux blessés frappés d’incapacité permanente ou partielle du travail.