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EN CE TEMPS-LA
FACHES-THUMESNIL

Accident de train

Le journal "La Croix" qui sort pourtant quotidiennement n’évoque la catastrophe que dans son édition du 25 avril 1931 :

Près de Lille, un auto-car, bondé d’ouvriers, se jette sur la locomotive d’un train vicinal. Neuf morts, nombreux blessés.

Un horrible accident s’est produit jeudi après-midi, près de Lille, au passage à niveau non gardé de Wicres, entre Fournes et Fromelles. Il était 13h40 quand un auto-car servant au transport des ouvriers de Thumesnil à leur domicile s’est jeté à toute allure sur la locomotive d’un train de marchandises composé de six wagons et venant de Marquillies. Le choc fut effroyable, toute la partie droite de l’auto-car fut réduite en miettes. Quant à la locomotive, elle dérailla et se renversa sur le ballast avec les deux premiers wagons. L’auto-car transportait 42 personnes, hommes et femmes.

Du chaos, formé par les débris de l’auto-car et les tôles de la locomotive, montaient à travers les sifflements aigus de la vapeur, des cris déchirants des malheureux ouvriers ensevelis sous les décombres. Le bruit du choc a été tellement fort qu’il a été perçu de loin, et de toutes parts sont accourus les travailleurs des champs, qui ont déployé toute leur activité à secourir les victimes. Ils ont dégagé tout d’abord six corps qui ont été déposés sur un bas-côté de la route. Après de longues et périlleuses recherches, les sauveteurs réussirent à dégager deux fillettes, dont l’une ne donnait plus signe de vie, l’autre qui était dans un état grave est décédée à l’hôpital de la Charité à Lille. Ils ont retiré ensuite de nombreux blessés qui ont été transportés, grâce à des automobilistes complaisants, dans les hôpitaux de Lille, Haubourdin, La Bassée et Béthune.

A 16 heures, le Parquet de Lille, représenté par M. Labalette, substitut ; MM Rénaut juge d’instruction, Bruyère, greffier et Mullet, médecin légiste, arrivèrent sur les lieux et procédèrent aux constatations d’usage. L’auto-car avait le côté droit, depuis le capot du moteur jusqu’à l’essieu arrière complètement réduit en miettes, les coussins de la voiture gisaient en petits morceaux sur le sol. La locomotive, complètement retournée, portait à ses tampons des morceaux de tôle et une parure de fourrure, le tout inondé de sang.

Le conducteur de l’auto-car, M. Servais, de La Bassée, complètement affolé, s’était réfugié chez lui. C’est là que les gendarmes l’ont arrêté. Au cours de son interrogatoire par M. Rénaut, il a déclaré qu’au moment de l’accident, il roulait à 45 kilomètres à l’heure, qu’il avait vu le convoi, mais qu’il n’avait pu s’arrêter. Le magistrat l’a fait écrouer à la prison de Lille pour homicide par imprudence. Il est à noter que seul le conducteur sur les 42 occupants de la voiture s’est tiré indemne de l’accident. Voici les noms des victimes françaises ou polonaises qui ont été tuées sur le coup ou qui sont mortes des suites de leurs blessures :

Mlle Madeleine Dubois, âgée de 13 ans, demeurant à Auchy les Mines ; Mlle Sonis , seize ans, de La Bassée ; Mlle Sidonie Pollet, 14 ans, de La Bassée ; Mlle Josette Grebert , 16 ans, d’Auchy les Mines ; Mme Dewase, 40 ans, de La Bassée ; Mme Loisel, 46 ans, de La Bassée ; Mme Donis , mère de six enfants. Deux autres femmes, deux Polonaises, n’ont encore pu être identifiées .

18 blessés, plus ou moins grièvement atteints, ont été transportés d’urgence à la Charité de Lille et à l’hôpital de Béthune. Vendredi matin les travaux de déblayement ont commencé à l’aide d’une grue de la Compagnie des Chemins de fer du Nord. Sur les lieux de l’accident, une foule dense s’est rassemblée devant l’amas tragique des décombres qui, peut-être, cachent encore quelques victimes.