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EN CE TEMPS-LA
FACHES-THUMESNIL

DEUX ANS DE CAPTIVITE CHEZ LES ALLEMANDS.
3 Novembre 1916 – 11 Novembre 1918.

Enfin nous apprenons que l’Armistice est signé. Les hommes qui étaient allés au ravitaillement à Florennes en reviennent tout joyeux. Les drapeaux alliés flottaient en ville et les habitants arboraient les cocardes. Aussitôt dans le camp, tous se mirent à chanter. Nous apprenons aussi le départ de la compagnie des Baustab à laquelle nous étions affectés. Le lieutenant est très ennuyé car il ne sait quoi faire de nous, quand, le 12 novembre, il reçut l’ordre d’évacuer le lendemain. Le lendemain matin il annonce aux captifs leur libération, mais demande que ceux-ci restent jusqu’à midi, afin de manger la soupe et de recevoir leur paye. Il n’avait pas encore fini de parler que le quart était déjà parti, narguant les soldats en passant devant leurs maisons. L’après midi, vers une heure on vit les soldats partir à leur tour, chacun poussant sa petite voiture. Quelques uns des civils, les voyant partir se mirent à crier à leur tour : "Los, los !". Les gares et maisons de ravitaillement, les maisons sont pillées par les soldats qui revendent tout à des prix dérisoires (cinq marks pour soixante quinze kilogrammes de farine !). Les derniers civils partirent le lendemain matin, chacun prit le chemin qui lui semblait le meilleur et le plus direct. Dans les derniers jours, l’effectif était de 175 à 200 sur environ 2.000 à 2.100 qu’il était au début. Rien que pour notre compagnie nous restions cinquante à soixante sur six cents à sept cents que nous étions au début.

Quelques anecdotes vraies :

A Rémicourt, un garde revient avec un homme en moins dans sa section (cet homme avait déjà été ramené au camp). Il le déclara au sergent qui lui répond :
"Pourquoi ne l’as-tu pas tué ?"
"Parce que je ne l’ai pas vu".
"Il fallait le voir". Et il a ajouté : "C’est malheureux pour toi, car tu aurais eu dix marks à l’inspection, dix à moi et tu aurais eu des chances de devenir geifreiter (soldat de 1ère classe) ." Voyez d’ici la fureur du soldat pour les hommes les jours suivants.

A Amifontaine, un de nos camarades était malade depuis plusieurs semaines déjà et très affaibli. Le soldat qui le menait au travail lui dit d’avancer plus vite. Henri lui fit comprendre qu’il était malade et n’en pouvait plus, mais le soldat ne voulut rien entendre et lui asséna un coup de bâton en pleine figure. Henri poussa un cri et tomba comme une masse. Les compagnons le transportèrent un peu à l’écart et le soignèrent du mieux qu’ils purent. Le coup avait parti sur le nez et il saignait abondamment de la bouche, du nez et de la plaie occasionnée par le coup. Le soldat, honteux de cette action, désigna un homme pour soigner le blessé et jeta son bâton au loin ; il ne dit plus un mot de toute la journée. Dans la matinée le lieutenant passa et un des nôtres lui en ayant fait le rapport, il répondit que le soldat avait bien fait, et qu’il ne devait pas admettre de réplique.

Texte de Désiré POLAERT.
Avec l’aimable autorisation de sa fille Janine.

Désiré Polaert épousera Yvonne Foucart le 9 février 1924. Il décédera à Faches-Thumesnil le 3 février 1969, son épouse le rejoindra le 11 mai 2000.

Documents consultés :
http://barisis.free.fr
http://www.delcampe.fr/
http://stgil.e-monsite.com/
Carte Michelin 56 (1937)