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EN CE TEMPS-LA
FACHES-THUMESNIL

' FACHES, C'ETAIT QUOI DEJA, AURELIE ? '
Scène 1 : Grand-mère – Marie – Octave

cliquez pour agrandir...Une horloge sonne tandis que l'éclairage, s'intensifiant progressivement, fait apparaître sur la scène la pièce principale d'une ferme. On voit sur la gauche, devant la sellette portant le bouquet, une table en bois entourée de chaises paillées. Au fond, accrochée au mur, une étagère où sont posés un moulin à café, des tasses, des godets en terre cuite et une bouteille de goutte ainsi qu'un petit cadre sur pied avec une photographie. Suspendu près de l'étagère, un violon et son archet. Sur le mur aussi, le portrait encadré du grand-père décédé. A l’avant scène, à droite, un drap sèche, tendu sur une corde à linge.

C'est devant ce drap que grand-mère, assise, remue doucement un berceau, en fredonnant. Entre Marie, la fermière.

Marie : (à voix basse) Cà y est, il dort ce p'tit quinquin ?
Grand-mère : Oui … et on peut sonner le clairon. Quand il dort, il dort.

cliquez pour retrouver les paroles de la chanson du P'tit quinquin...
Tableau de Simons

Entre Octave, le fermier. Il chante fort.

Marie : Ah bah … le voilà le clairon ! Heureusement qu'il dort bien, le p'tit quinquin !
Octave : C'est moi le p'tit quinquin ? (les deux femmes rient).
Marie : Dis donc, grand quinquin, tu devrais penser à atteler la carriole. La cousine Rosa va bientôt débarquer à la gare de Lille. Tu le sais qu'elle arrive à midi !
Grand-mère : De l'Ariège. Elle arrive de l'Ariège ! C'est là qu'elle a rencontré notre pauvre cousin Hippolyte …
Octave : Si je le sais ? Bien sûr, Marie que je le sais ! Cà va faire six mois qu'on ne parle que de l'événement dans cette maison !
Grand-mère : Après un si long voyage, elle sera bien fatiguée …
Marie : Ah, je devine déjà son bon visage souriant, à la cousine Rosa. Comme sur la photographie … Dis, Octave !
Octave :(distraitement, en feuilletant la Vaclette ) Hein ? … Euh oui.
Marie : Tu ne crois pas qu'elle sera contente de voir qu'on a préparé mille petites choses pour l'accueillir ? Hein !
Octave : Euh, ouais ! Eh ben, je m'en vais préparer l'attelage. (Octave sort)
Marie : Chère Rosa, j'ai hâte de la voir, ma cousine du Sud. Je ne l'ai vue que sur la photographie de mariage. (Marie prend sur l'étagère le cadre et va s'asseoir pensive) Quand elle a épousé mon pauvre cousin Hippolyte qui est décédé … ben …l'automne dernier.
Grand-mère : Mais nous n'avons jamais cessé de nous écrire depuis !
Marie : Nous n'allons peut être pas la reconnaître après tant d'années.
Grand-mère : C'est la vie, Marie …
Marie : Dis Maman, je n'avais jamais remarqué cette balafre sur le visage du cousin Hippolyte … (un silence)
Grand-mère : Mais je suis là que je parle de la cousine et j'en oublie mon pain. Un bon gros pain. Je l'ai pétri ce matin pour son arrivée avec deux tartes à gros bord. Tout çà est au four. Vite, vite, que j'aille voir si c'est cuit.
Octave : (qui est entré entre temps) Cuit ? cui, cui, cui. Voilà l'oiseau rare ! Ta fille, Marie, ta fille Toinette que je t'amène par les plumes du dos. Mademoiselle se pomponne depuis ce matin devant sa glace. C'est tout de même pas pour la cousine Rosa, ni pour la ducasse, c'est demain la ducasse… Je suis sûr que tu as de l'ouvrage pour elle, Marie !
Marie : Ah oui, Toinette, sois gentille, prépare donc le café avec Grand-mère, il faut que j'aille au four surveiller la cuisson.
Octave : Oui, parce que ta mère a décidé de faire goûter à la cousine Rosa, au saut du train, une bonne tartine de Vieux Lille trempé dans du café !
Marie : (hochant la tête) Tu ferais mieux d'aller à la gare, Octave. Allez ouste !

(ils sortent tous les deux. Restent Grand-mère et Toinette)

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La photographie n'a pas été prise en juin 1913 mais en 1920, à la gare de la Porte d'Arras.
A gauche sur la photo, le grand père de Mme Jacqueline Dugrain. Le cheval se prénommait Bijou.
(Collection J Dugrain)

La voix d'Aurélie : Euh … vous permettez Grand-mère. Juste une petite minute. Je voulais montrer cette photo, vous voyez, eh bien, c'est le genre de carriole avec laquelle Octave vient de partir à la gare de Lille. C'est qu'en 1913, on ne connaît pas tous les moyens de transport actuels entre Faches et Lille. Le plus souvent, c'est à pieds qu'on se déplace. Mais çà je vous l'ai déjà dit peut être ! On commence à voir des bicyclettes un peu partout. Mais dans les familles qui en ont la possibilité, on utilise la traction à cheval. A cheval-avoine ! Pas à cheval-moteur…Voilà. Excusez-moi, Grand-mère.