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EN CE TEMPS-LA
FACHES-THUMESNIL

' FACHES, C'ETAIT QUOI DEJA, AURELIE ? '
Scène 4 : Grand-mère – Marie – Toinette – Charlotte – Octave – Rosa.

La voix d'Aurélie : Dites, vous n'avez pas entendu ? Vous n'avez pas entendu arriver la carriole dans la cour ? Je crois que c'est la cousine Rosa qui arrive ! cliquez pour agrandir...
Octave : (entrant bruyamment, un bagage à la main) J'espère que les tartines de "puant" sont prêtes, voici la cousine Rosa !
Grand-mère : Bienvenue dans cette maison, cousine Rosa ! (on s'embrasse)
Marie : Avez vous fait bon voyage ?
Rosa : Le voyage ! N'en parlons pas ! Deux jours de train, c'est bien fatigant !
Octave : Même dans une locomotive du Nord ?
Rosa : Comment çà, une locomotive du Nord ?
Octave : Ah ah, j'ai regardé çà de près à la gare, la locomotive qui vous a conduite jusqu'à Lille a été fabriquée à Fives, cousine Rosa ! Vous voyez qu'il n'y a pas que des frites et des saurets comme Hippolyte vous l'a sûrement dit … (elle rit)
Marie : Tu ferais mieux de présenter ta fille, Octave. C'est Toinette, cousine Rosa. cliquez pour agrandir...
Octave : Et voici son amie, Charlotte, son père a très bien connu Hippolyte dans l'expédition du Tonkin.
Grand-mère : Et bien, vous arrivez avec le soleil de l'Ariège !
Rosa : Et oui, je ne pensais pas qu'il me suivrait jusqu'aux brumes du Nord. J'imaginais qu'il pleuvait toujours au-dessus de la Garonne. Mais à Paris, figurez-vous, il faisait tellement beau que j'ai vu la tour de monsieur Eiffel et même en repartant à la Gare du Nord, la basilique du Sacré Cœur.
Octave : Mais çà, c'est pas le Nord, çà !
Rosa : Oh si, déjà au-dessus de la Garonne ! Mais quand les plaines du Nord … du Nord sont apparues, je m'attendais à les voir sous la pluie avec, pour tout horizon, les terrils qu'on monte sur les livres, la poussière noire du charbon, les gens tristes…
Octave : Avec des grandes dents et des chevaux verts !
Rosa : Rien de tout cela, au contraire, des champs de blé mûr, des fleurs de lin et de colza à perte de vue, des forêts verdoyantes…
Marie : Oui, notre pauvre pays a bien mauvaise réputation. Et pourtant, il est si bon le grand air de Faches qui sent bon le trèfle et le foin, elles sont si tranquilles les grandes ailes des moulins…
Octave : C'est si bon une bonne tartine de Vieux Lille trempée dans du café, vous verrez, cousine Rosa.
Marie : Mais arrête donc avec ton "puant" ! Nous avons une bien agréable région, en vérité…
Charlotte : C'est vrai qu'elle est belle notre région, mais on y vit souvent plus durement qu'ailleurs. Le travail dans les usines épuise et tue trop vite. Même les enfants sont encore soumis aux travaux forcés, ce n'est pas rare. Les tâches industrielles sont pénibles et les conditions malsaines, surtout pour les mineurs, plongés dans la nuit, à la merci des dangers et des catastrophes toujours possibles.
Marie : Comme celle de Courrières ! Elle a fait 1200 victimes avec des centaines de veuves et d'orphelins sans ressources… il y a sept ans.
Charlotte : Mais la vie n'est pas plus facile pour les paysans avec leur fichu métier !
Toinette : Métier, oui, mais fichu non !
Octave : Oh, Toinette, tu ne devrais pas dire çà ! Nos occupations ne nous laissent pas grand répit, la traite des vaches, deux fois par jour, les soins aux chevaux, aux cochons, à la volaille, les labours, la laiterie et tout ce qui suit !
Marie : C'est vrai Octave, mais nous travaillons au bon air et puis nous ne manquons de rien !
Grand-mère : Et encore, vous, vous connaissez les bienfaits du progrès ! A notre époque, on n'avait guère les batteuses à vapeur comme maintenant, ni le chauffage au charbon, l'éclairage au gaz et tout çà. Regardez les moulins à vent ne serviront bientôt plus à rien…
Marie : C'est vrai, tenez, à Faches, le vétérinaire a même une automobile avec un moteur à pétrole ! Ca roule à une vitesse folle !
Charlotte : 40 km / heure !
Octave : Oh çà fait peur ces engins de mort ! Mais c'est vrai, on ne peut pas arrêter le progrès et je suis bien sûr qu'en – je ne sais pas moi - en 19…80 par exemple à Faches, il y aura au moins quinze ou peut bien vingt voitures à pétrole !
Marie : Des automobiles à moteur !
Octave : Oui, bon, "zautomobiles" et que çà fera des nuages de fumée partout dans les pâtures ! Et les bêtes, elles en crèveront et peut-être bien même les gens !
Marie : On ne pourra peut-être plus marcher à pieds sur les chemins !
Octave : Et peut-être qu'avec leurs aéroplanes, comme au Champ de Mars à Ronchin, ils finiront par aller déjeuner sur l'herbe, le dimanche sur la Lune…avec des tartines de Vieux Lille et du café ! Qu'est-ce qu'ils vont devenir nos blés du Nord ? Nos beaux blés d'or ?
Marie : Ah, les blés d'or … (elle chante)

cliquez pour agrandir... Mignonne quand la lune éclaire la plaine aux bruits mélodieux
Lorsque l'étoile du mystère revient sourire aux amoureux
As tu parfois sur la colline
Parmi les souffles caressants
Entendu la chanson divine
Que chantent les blés frémissants
Mignonne, quand le soir descendra sur la terre
Et que le rossignol viendra chanter encor
Quand le vent soufflera sur la verte bruyère
Nous irons écouter la chanson des blés d'or
Nous irons écouter la chanson des blés d'or.

Octave : Mais il est déjà 4 heures, je dois aller donner un coup de main pour dresser le mât de cocagne de la ducasse.
Toinette : Papa, papa, nous allons avec toi, Charlotte et moi, pour aider à l'installation de la buvette, sur la place. A tout à l'heure !