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EN CE TEMPS-LA
FACHES-THUMESNIL

E.C.L., ELECTRIFICATION, CHARPENTE, LEVAGE.
Ou l'histoire d'une usine à Thumesnil de 1949 à 1991

E.C.L., grand exportateur depuis le milieu des années 60, réalise en moyenne 90% de son chiffre d'affaires à l'étranger, aux quatre coins de la terre. Le succès d'une entreprise française à l'étranger ne peut être sans une grande ouverture d'esprit. Et c'est là que l'on trouve l'un des grands paradoxes d'E.C.L., dont le comportement autarcique par rapport à son environnement géographique immédiat apparaît en contradiction avec son ouverture sur l'extérieur en matière commerciale. Si elle est bien connue dans le milieu de l'industrie mécanique pour son savoir-faire et sa réussite, la société ne communique pas.

Pendant des années, pas une brochure de présentation, de publicité, de participation à une quelconque action locale. Dans la presse, le constat n'est pas différent. En dehors des mises à l'honneur des médaillés du travail dans la presse locale, rien. Le précepte "pour vivre heureux, vivons caché" semble tout indiqué pour désigner l'entreprise entre sa naissance en 1947 et la fin des années 70. Ce n'est qu'à la fin des années 80 que la société se mettra enfin à communiquer et renouveler ainsi son image.

En 1970 Daniel Duclaux fête ses soixante ans. N'ayant pas d'enfants, il pense à sa succession et se rapproche de plusieurs repreneurs potentiels. Parmi ceux-ci, Péchiney apparaît comme le partenaire idéal. E.C.L. était à ce moment déjà largement engagée dans la mécanisation du grand groupe. Pour Péchiney, l'acquisition d'E.C.L. entre dans une logique de développement. En septembre 1970 E.C.L. se transforme en société anonyme. Péchiney entre dans le capital à hauteur de près de 85%. En dépit du fait qu'il ne soit plus le détenteur de la majorité, Duclaux reste le seul maître à bord et le groupe lui laisse une paix royale pendant quelques années. Mais les relations deviennent plus délicates lorsque le groupe décide d'exercer son droit de regard en intégrant à la société nordiste des successeurs potentiels à un Daniel Duclaux dont l'âge laisse présager un départ imminent. C'est compter sans la santé de fer du patron, dont l'intention est de rester encore quelques années à la tête de son entreprise. Ses connaissances et sa maîtrise empêchent Péchiney de lui forcer la main. Les particularismes d'E.C.L., la mentalité de ses hommes, la personnalité du chef conduisent les "parachutés" de Péchiney à constater la délicatesse de leur position. Prendre la tête d'une société située à des années lumière de la maison mère n'est pas une sinécure. La présence du couple Duclaux empêche ainsi toute prise de décision. Péchiney ne peut, dans ce contexte, positionner l'un des siens à la tête d'E.C.L.

Avec la crise de 1973, beaucoup de sociétés sont fragilisées. A la fin des années 70, elles prennent conscience de nouveaux impératifs de gestion et d'organisation. E.C.L doit impérativement s'engager vers une nouvelle façon d'appréhender son métier, ses méthodes, son organisation et diversifier ses produits mais la situation s'enlise, plusieurs éléments l'amène en effet à rester ancrée dans ses habitudes. En premier lieu, Daniel Duclaux approche les soixante-dix ans. A cet âge il ne peut engager une profonde transformation de sa société qui, de plus, est largement bénéficiaire, le besoin de changer de méthodes ne paraît pas vital. La présence de Daniel Boulanger, envoyé par Péchiney afin de préparer la succession, ne parvient pas à faire plier l'autorité du chef. En second lieu, la moyenne d'âge des salariés, mais surtout de l'encadrement et de la maîtrise, est élevée. C'est un obstacle naturel à l'évolution.