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EN CE TEMPS-LA
FACHES-THUMESNIL

L'abbé Lepoutre … ou le village de Faches rassemblé

Relancés aussi, puisqu'ils existaient déjà, les Enfants de Marie, sous la houlette de Marguerite et Anne Marie Plancq. Selon Jean Marie Poupard, cette association agissait pour rassembler les adolescentes susceptibles de former une élite de piété en leur dispensant un enseignement beaucoup plus intensif, son but était donc uniquement religieux à travers la dévotion à Marie. Les Enfants de Marie participaient également aux événements religieux, aux processions et l'abbé en parlait parfois en plaisantant dans son "sermon sur la Piphanie", sermon dont nous reparlerons plus loin. L'école Notre-Dame accueillit une bibliothèque et le patronage chaque jeudi. Jeanne Deroubaix s'occupait des filles. Le comité scolaire de l'école était composée d'Anne Marie et Jeanne Deroubaix, institutrices, aidées d'Eugène Vanceunebroeck.

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En mai, mois de Marie, chaque soir, il y avait une procession suivie par de nombreux fidèles qui chantaient les louanges à la Sainte Vierge. Accompagné des enfants de chœur, l'abbé se rendait chez les habitants souhaitant offrir leur logement et présenter Marie à l'intention de ceux qui souhaitaient lui adresser leurs prières. Les paroissiens installaient un autel devant une fenêtre et l'abbé y déposait la statue de la Vierge Marie. Un soir la Vierge Marie se retrouva dans une famille habitant la cité Delezenne et dont l'un des enfants prénommé Yves recevait des soins palliatifs (terme actuel), les professeurs de la Cité Hospitalière ne pouvant plus rien pour lui. Le lendemain et les jours qui suivirent montrèrent une nette amélioration de son état de santé suivie d'une guérison totale que les médecins ne purent expliquer. Et bien sûr, l'on cria au miracle !

L'abbé avait retrouvé un livret sur "la vie de Sainte Marguerite, vierge et martyre" d'après le Révérend Père Jean Croiset de la Compagnie de Jésus, édité en 1899 chez Gossart et Bourdeaux à Lille, ce qui lui permit d'écrire un livret permettant ainsi aux adolescents de jouer la vie de Ste Marguerite au moment du pèlerinage qui avait lieu le 20 juillet, fête de Ste Marguerite d'Antioche, et ce durant plusieurs soirées.

"Avec mon ami Fernand Delecourt nous faisions les coryphées, ceux qui parlent dans le chœur, nous lisions les commentaires pour expliquer chacune des scènes. L'une était particulièrement marquante : on y voyait Marguerite dans sa prison, enfermée là pour ne pas avoir renoncé au christianisme et avoir refusé d'épouser le gouverneur Olibrius. Le démon lui apparaît sous la forme d'un dragon joué par Pierre Facq :

- " Epouser le gouverneur de Pisidie, ce serait pour toi la richesse, les honneurs, le bonheur suprême".

Et Marguerite (Yvonne Lemaire) de répondre :

- " Et l'apostasie, l'abandon de ma Foi, arrière esprit de mensonge, je te l'ordonne au nom du Père et du Fils et du saint Esprit."

Le démon s'écartait alors en rugissant tandis qu'une musique douce se faisait entendre : "d'un cœur qui t'aime, mon Dieu, qui peut troubler la paix …"[note]

Il y avait un monde fou qui venait en pèlerinage pour voir ces tableaux vivants. Selon Mauricette Denhaëne Thoilliez les représentations duraient douze jours, Mauricette et sa sœur vendaient des petites marguerites en celluloïd à la porte de l'église pendant que quelques dames, y compris sa mère, vendaient les cierges et des articles de piété, médailles, images, statues. Il y avait même des colliers anti-convulsions. L'obole des fidèles permettait l'installation des vitraux de l'église. Pour les grands jours de fêtes catholiques, des cortèges étaient composés de chars fleuris, de cavalcade avec de fiers cavaliers menant leurs chevaux enrubannés plus jolis les uns que les autres. Les communiants de l'année, en robe blanche pour les filles, brassard pour les garçons, jetaient des pétales de roses sur le parcours. Des messes en plein air étaient parfois célébrées.[note]