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EN CE TEMPS-LA
FACHES-THUMESNIL

En feuilletant la presse de l’époque …

"Une affaire de nature fort grave avait attiré un grand concours de spectateurs. Il s’agissait d’un assassinat commis dans la nuit du 24 au 25 septembre 1828, sur la personne d’Agnès Deflandre, veuve Caby, demeurant au hameau de Thumesnil, commune de Faches. Deux individus sont accusés de ce crime et du vol d’argent qui l’a suivi, ce sont les nommés François-Joseph Herbage, âgé de 24 ans, domestique de ferme, né à Plancques, et Charles-Joseph Choquet, âgé de 26 ans, ouvrier de fabrique, né à Vazemmes , tous deux domiciliés à Thumesnil. Herbage, dès le commencement de l’instruction, a fait l’aveu de son crime, prétendant ne l’avoir commis que de complicité et même à l’instigation de Choquet. Celui-ci a toujours mis en dénégation les faits à lui imputés et a même donné l’emploi de son temps au moment du crime. A l’audience, Herbage n’en a pas moins persisté à accuser Choquet ; voici, comme dans un de ses interrogatoires, il raconte les détails de l’assassinat. Herbage et Choquet se rencontrèrent le 24 septembre, vers neuf heures du soir, et parlèrent du prochain mariage du premier. Celui-ci dit qu’il avait peu d’argent ; Choquet lui proposa un moyen de s’en procurer. Herbage l’engagea à le lui faire connaître : si tu veux, dit Choquet, nous irons chez ma tante Agnès (la veuve Caby), elle doit en avoir beaucoup. L’autre fit d’abord quelque difficulté et finit par y consentir. Ils se mirent en route.

Il était dix heures du soir, Choquet entra dans le jardin de la veuve Caby en escaladant le mur qui n’est pas élevé, puis il alla ouvrir la porte de ce jardin à Herbage. Il prit ensuite dans le fournil une pelle et un grattoir de boulangerie. Ils tentèrent inutilement de pratiquer un trou au bas du mur extérieur de la maison. Choquet posa alors une planche contre la muraille, afin d’entrer par une fenêtre du grenier ; il détacha quelques pannes de la toiture pour y faire un trou, parce qu’il crut que cette fenêtre était fermée. S’étant aperçu qu’elle était ouverte, il s’introduisit dans le grenier et fut suivi par Herbage. Au bas de l’escalier de ce grenier, ils trouvèrent une porte fermée intérieurement par un verrou, Choquet s’assit sur l’une des dernières marches et fit sauter le verrou avec les pieds ; ce bruit éveilla la veuve Caby qui ouvrit la porte de sa chambre.

Choquet était muni d’un marteau, il lui en donna un premier coup sur la tête ; elle chancela. Herbage la saisit au travers du corps et la porta au milieu de sa chambre. Choquet l’ayant frappée de nouveau à la tête avec son marteau, elle tomba morte ; il continua encore de la frapper. Il essaya ensuite d’ouvrir les coffres, mais il ne put réussir. Ils allèrent fouiller dans l’armoire de la cuisine, sur laquelle ils trouvèrent la clef et s’emparèrent d’une centaine de francs tant en pièces de cinq francs qu’en monnaie. Ils sortirent par la porte de la maison, qu’ils laissèrent ouverte, et partagèrent l’argent dans un champ au clair de la lune ; chacun eut 50 francs et 14 sous. Herbage dit qu’il partait pour Douai, afin d’y chercher l’extrait mortuaire de son père, et Choquet qu’il allait se coucher chez lui. Cette version d’Herbage était d’autant plus vraisemblable que presque tous les faits allégués par lui sur la manière dont le crime a été commis et sur les moyens d’introduction dans la maison de la victime étaient justifiés par l’instruction ; cependant rien autre que sa déclaration n’établissait la complicité de Choquet, en faveur duquel s’élevaient au contraire des antécédents favorables.

Après l’audition des témoins, au nombre de 23, M. l’avocat-général Maurice a développé et soutenu les moyens d’accusation. Herbage ayant réitéré ses aveux, son conseil n’avait rien pu dire pour sa défense ; celle de Choquet a été présentée avec un talent remarquable par M. Honoré, avocat, son conseil nommé d’office. M. le président a ensuite résumé les débats, et après une heure environ de délibération, le jury a répondu affirmativement sur la question de culpabilité relative à Herbage et négativement sur celle relative à Choquet. Ce dernier a en conséquence été acquitté et rendu à la liberté. Herbage a été condamné à la peine de mort. L’exécution aura lieu sur la place publique de Lille. Cet accusé, pendant les débats comme au moment de sa condamnation, a conservé le même calme et la même résignation. Choquet, en quittant le banc fatal, a fait entendre les cris de vive le Roi ."

Herbage, condamné à mort, sera effectivement guillotiné à Lille le 4 avril 1829.

"Le Courrier des tribunaux" - février 1829.
Assises du Nord (Douai) audience du 23 janvier 1829.