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EN CE TEMPS-LA
FACHES-THUMESNIL

En feuilletant la presse de l’époque …

Assassinat d’une enfant

(de notre correspondant particulier).

Lille, 21 février.

"Voici des détails sur l’assassinat commis à Thumesnil et que le Petit Parisien a annoncé hier :

Le cadavre de la petite victime, Florentine Castillon, âgée de sept ans, a été trouvé dans le cimetière, couché contre une haie, à deux mètres environ de l’entrée, par le fossoyeur nommé Lepot, qui crut d’abord que l’enfant dormait ; ayant constaté ensuite qu’elle était morte, il appela le cantonnier Neuez, employé dans le cimetière et le sieur Dubois, serrurier, qui passait là à ce moment ; celui-ci apprit aux deux hommes que depuis la veille Florentine Castillon avait disparu et que ses parents la cherchaient partout.

Après quoi, le sieur Dubois s’approcha du cadavre et le reconnut, en effet, pour être celui de la fillette appartenant au sieur Castillon, ouvrier peintre en bâtiments, habitant Thumesnil.

Le fossoyeur courut aussitôt prévenir un médecin, M. Messeant, qui fit les premières constatations.

Le crime apparut alors dans toute son horrible vérité : la pauvre petite avait été étranglée et ensuite violée ; à la gorge, on voyait très nettement l’empreinte des doigts de l’assassin.

L’enquête judiciaire a établi que dimanche, vers cinq heures et demie du soir, l’enfant jouait encore tout près de la maison de ses parents avec quelques petites amies et que, contrairement à son habitude, elle n’était pas allée chercher du lait chez une tante qui habite dans le voisinage. A six heures, Florentine Castillon s’est rendue aux Quatre Chemins chez Mme Vasseur, épicière ; elle était porteur d’un verre dans lequel elle a prié la marchande de lui mettre pour un sou de sirop, qu’elle paya avec une pièce de dix centimes.

L’épicière lui demanda alors : "Est-ce à ta tante que tu vas porter ce sirop ? Elle te fera une tartine." La fillette, un peu embarrassée, répondit : "Non, ce n’est ni pour ma tante ni pour ma mère" puis elle sortit sans vouloir dire qui lui avait donné l’argent et où elle devait porter ce sirop. A sept heures, les époux Castillon, commençant à trouver étrange que la fillette ne fût pas encore rentrée, se mirent à sa recherche. Pendant toute la nuit, munis de lanternes, ils battirent le pays, et à plusieurs reprises passèrent à côté du cimetière, à deux pas de l’endroit où se trouvait le petit cadavre. Qu’on juge de leur désespoir quand, hier matin, on est venu leur annoncer que l’enfant avait été assassinée.

Florentine Castillon passait dans le village pour une enfant extraordinairement intelligente pour son âge : c’était d’ailleurs une petite brunette, très gentille, aux traits délicats : de grands yeux noirs éclairaient sa mignonne physionomie d’enfant espiègle.

Sitôt que le crime a été connu dans le pays, une foule considérable s’est portée au cimetière où le corps, caché sous une couverture, est resté jusqu’à trois heures de l’après-midi, le Parquet ne s’étant transporté sur les lieux qu’à deux heures.

Aucun indice ne permet de soupçonner qui que ce soit ; cependant, on suppose que le crime a été commis par une personne de Thumesnil, qui aurait attiré chez elle l’enfant. Le forfait accompli, le corps de la victime aurait été transporté à travers champs jusqu’au cimetière, dont la porte reste ouverte la nuit.

L’enquête se poursuit."

"Le Petit Parisien"
22 février 1893.