Bienvenue sur le site de l'Association Culturelle et Historique de Faches-Thumesnil.

EN CE TEMPS-LA
FACHES-THUMESNIL

La rue du Chevalier de La Barre à Faches-Thumesnil.
Jean François Lefebvre, chevalier de La Barre.
Abbeville 1747 - 1766.

Le chevalier de La Barre fut transféré à Paris et son procès y fut instruit. Dix des plus célèbres avocats de la capitale démontrèrent l'illégalité des procédures et réclamèrent l'indulgence. Le procureur général, versé dans la jurisprudence, conclut à casser la sentence d'Abbeville. Il fut suivi par dix des juges, les quinze autres juges confirmèrent malheureusement la sentence, le 4 juin 1766. Les parents et amis de La Barre étaient présents. On raconta même que le parlement avait différé de six jours son arrêt à signer, espérant que le Roi accorderait sa grâce mais Louis XV demeura inflexible. Le chevalier fut renvoyé à Abbeville pour y être exécuté. On fit prendre aux soldats des chemins détournés pour éviter une attaque du convoi et la libération du chevalier car la France entière avait regardé ce jugement avec horreur.

"Enfin, le 1er juillet de cette année, se fit dans Abbeville cette exécution trop mémorable : cet enfant fut d'abord appliqué à la torture. Voici quel est ce genre de tourment. Les jambes du patient sont serrées entre des ais, on enfonce des coins de fer ou de bois entre les ais et les genoux, les os en sont brisés. Le chevalier s'évanouit mais il revint bientôt à lui, à l'aide de quelques liqueurs spiritueuses et déclara, sans se plaindre, qu'il n'avait point de complices. On lui donna pour confesseur et pour assistant un dominicain, ami de sa tante l'abbesse, avec lequel il avait souvent soupé dans le couvent. Ce bon homme pleurait, et le chevalier le consolait. On leur servit à dîner. Le dominicain ne pouvait manger. Prenons un peu de nourriture, lui dit le chevalier, vous aurez besoin de force autant que moi pour soutenir le spectacle que je vais donner. Le spectacle en effet était terrible : on avait envoyé de Paris cinq bourreaux pour cette exécution. Je ne puis dire en effet si on lui coupa la langue et la main . Tout ce que je sais par les lettres d'Abbeville, c'est qu'il monta sur l'échafaud avec un courage tranquille, sans plainte, sans colère, et sans ostentation. Tout ce qu'il dit au religieux qui l'assistait se réduit à ces paroles :"Je ne croyais pas qu'on pût faire mourir un gentilhomme pour si peu de chose." … Lorsque la nouvelle de sa mort fut reçue à Paris, le nonce dit publiquement qu'il n'aurait point été traité ainsi à Rome, et que s'il avait avoué ses fautes à l'Inquisition d'Espagne ou de Portugal, il n'eût été condamné qu'à une pénitence de quelques années. Je laisse, monsieur, à votre humanité et à votre sagesse le soin de faire des réflexions sur un événement si affreux, si étrange, et devant lequel tout ce qu'on nous raconte des prétendus supplices des premiers chrétiens doit disparaître… Vous vous étonnez sans doute, monsieur, qu'il se passe tant de scènes si tragiques dans un pays qui se vante de la douceur de ses mœurs et où les étrangers mêmes venaient en foule chercher les agréments de la société. Mais je ne vous cacherai point que s'il y a toujours un certain nombre d'esprits indulgents et aimables, il reste encore dans plusieurs autres un ancien caractère de barbarie que rien n'a pu effacer. Vous retrouverez encore ce même esprit qui fit mettre à prix la tête d'un cardinal premier ministre, et qui conduisait l'archevêque de Paris, un poignard à la main, dans le sanctuaire de la justice. Certainement la religion était plus outragée par ces deux actions que par les étourderies du Chevalier de La Barre, mais voilà comme va le monde…"

cliquez pour agrandir..."Dès 1774, Voltaire tentera d'obtenir la réhabilitation du Chevalier. Mais il vit en Suisse. En 1789 ce sera la noblesse de Paris qui demandera la réhabilitation. Ce sera chose faite en novembre 1791. L'histoire du Chevalier de La Barre a fourni à Fabre d'Eglantine le sujet de sa tragédie d'Augusta, jouée en octobre 1787. Marsollier fit représenter sur le théâtre des Italiens un drame en un acte intitulé le chevalier de La Barre le 8 juillet 1791.

Une statue à son effigie sera érigée devant l'église du Sacré Cœur à Paris en 1905, elle sera déplacée en 1926 dans un square proche, place moins dérangeante pour les croyants. Fondue par l'occupant en 1941 cette statue sera replacée sur son socle le 24 février 2001.