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EN CE TEMPS-LA
FACHES-THUMESNIL

1994. Nous avons failli avoir une patinoire ….

La machine est lancée. Nord Eclair des 7 et 8 mars 1993. Isabelle Marleix écrit :

"Patinoire théâtre, le rêve de glace de Philippe Obdebecq "

A peine remis de l’annonce de l’installation prochaine sur le territoire de leur commune d’un hypermarché et de sa galerie marchande, voilà que les Thumesnilois apprennent que leur petite cité jusque là tranquille pourrait accueillir également une gigantesque patinoire-théâtre aux allures de luge renversée. Ni plus ni moins qu’un projet d’une capacité de 10.000 places. De quoi engloutir d’un seul coup les deux tiers des habitants de la commune ! C’est Philippe Obdebecq, un ancien hockeyeur chez qui les Jeux Olympiques d’Albertville avaient réveillé des envies de glisse, et qui se désolait de ne plus trouver de piste adéquate sur la métropole, qui a lancé l’idée. Avec sa société Sport’s on Ice, et l’aide de l’architecte tourquennois Roberto Delgado , il a monté ce dossier colossal de 58 millions de francs qu’il a déposé sur le bureau du maire de Faches-Thumesnil. La question est aujourd’hui à l’étude. Si la ville se dit intéressée pour accueillir pareil équipement de loisirs, le promoteur de la zone d’activité économique laisse glisser et attend de voir venir. Rien n’est encore décidé. Le rêve de glace pourrait encore fondre au soleil.

Sans vouloir faire de jeu de mot, on peut dire qu’avec ce dossier de patinoire de Faches-Thumesnil, on avance sur un terrain glissant. Annoncé avec un grand renfort médiatique par ses concepteurs, ce projet pharamineux n’est encore qu’une idée en l’air, qui a des défenseurs et ses détracteurs. Pour les premiers, il est tout simplement génial et avant-gardiste, pour les autres, il est farfelu et mégalomaniaque. Si les plans et la maquette sont d’ors et déjà réalisés, le montage financier du dossier est en cours. Aucun permis de construire n’a encore été délivré. La patinoire-théâtre, aux allures de traîneau retourné, ce "Bercy centre-européen" comme le baptise volontiers son architecte de père, appartient au domaine du réalisable. Il n’en paraît pas moins démesuré pour cette petite commune, et l’on peut se poser quelques questions quant à sa rentabilité.

Racheter la patinoire d’Albertville.

Il est vrai que depuis la fermeture de l’ancienne patinoire de Croix, la métropole lilloise ne se remet pas de ne plus avoir un pouce de glace à offrir aux amateurs de glisse. Aussi, à peine éteinte la flamme olympique d’Albertville, elle s’était montrée intéressée par le rachat de la patinoire devenue trop grande et trop chère d’entretien pour la Savoie. Le versant Nord-Est de la CUDL a aussitôt postulé pour servir de terre d’accueil à cet équipement sportif, jouant notamment la carte de Wasquehal. Mais une étude demandée par la communauté urbaine aurait démontré qu’il y avait largement la place sur le territoire de la métropole pour deux patinoires, une au Nord et une plus au Sud. Ce qui n’a pas manqué de donner des idées à certains, et notamment à Philippe Obdebecq. Cet ancien hockeyeur sur roulettes de Tourcoing, qui chaussait volontiers les patins pour ses loisirs, se désolait de ne plus pouvoir fouler la glace dans la région. Et tout en regardant les Jeux Olympiques l’hiver dernier, il s’est dit qu’il devait bien y avoir quelque chose à faire pour y remédier. Avec des amis, il a constitué un petit pool de travail pour réfléchir à la question, qu’il a baptisé Sport’s on Ice. Ils ont contacté l’architecte tourquennois Roberto Delgado, dont les précédentes réalisations lui ont valu le surnom de Mecano Delgado. Il leur a concocté une maquette dont il a le secret, avec une bonne de fantaisie. Le résultat : une patinoire bioclimatique ressemblant à une luge renversée.

La commune intéressée.

Ayant eu vent du projet en route sur le versant Nord-Est, Philippe Obdebecq s’est choisi un autre créneau, ne faisant plus de son projet une simple patinoire, mais un espace de spectacle modulable, et a misé sur le sud de la métropole, plus précisément sur Faches-Thumesnil. La ville, dans sa nouvelle zone d’activité économique qui devrait accueillir très prochainement un hypermarché, dispose en effet de terrains réservés aux équipements de loisirs. Philippe Opdebeck, qui est en contact avec le promoteur de la ZAC, aurait reçu de sa part des garanties concernant la vente de quatre hectares de terrain pour implanter sa patinoire-théâtre. Du côté de la mairie, on ne voit pas le projet d’un mauvais œil. Le maire, Jean-Claude Gosselin, le juge même "neuf, séduisant et complémentaire des équipements qui vont se construire dans cette partie de la ville". Il faut dire que si pareille salle se construisait, cela représenterait des rentrées de taxe professionnelle et de droits sur l’organisation de spectacles supplémentaires. Et le maire voit aussi là l’occasion de faire accélérer encore les travaux d’aménagement de la voierie dans cette zone. Bref une opération tout bénéfice. "Le projet a de quoi nous intéresser, mais comme il est purement privé, à eux maintenant de trouver les financeurs."

A la recherche d’investisseurs.

Si l’on en croit Philippe Obdebecq, l’affaire est en passe d’être réalisée. Le montage juridique et financier du dossier, qui a été confié à un avocat lillois, est en cours. Il aurait d’ors et déjà un candidat sérieux. Cela ne pourrait suffire car cette patinoire monumentale devrait coûter la modique somme de 58 millions de francs. Mais Philippe Obdebecq ne désespère pas : "C’est un projet qui peut paraître extravagant, mais qui est tout à fait réalisable, et qui intéresse du monde. Il n’existe aucun complexe de cette envergure sur la métropole, et cela manque sérieusement. C’est un projet d’avenir, un projet européen. Et des producteurs de spectacle, dont des Belges et des Hollandais, m’ont déjà contacté pour organiser des manifestations. Mais la salle pourrait également servir pour accueillir des compétitions de basket" explique-t-il.

Pour lui, "la patinoire est à l’orée de voir le jour." Il prévoit même que les travaux pourraient débuter en septembre prochain pour se terminer en juillet 1994. Reste à savoir si la suite des événements lui donnera raison, et si son rêve de glace ne fondra pas au soleil de l’été.