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EN CE TEMPS-LA
FACHES-THUMESNIL

Jeanne Deroubaix, la déléguée du Bon Dieu à Faches …

La fin de cet article, nous la trouvons dans un texte de Lucien Beaurain paru dans "Ensemble, le magazine des paroisses de Faches-Thumesnil" en décembre 1990. Mademoiselle Jeanne s'en est allée le 21 octobre et ses funérailles se sont déroulées le jeudi 25 octobre dans une église Sainte Marguerite trop petite pour accueillir tous les gens qui l'aimaient.

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" A Dieu " à Mlle Jeanne Deroubaix.

Qui ne la connaissait pas dans son quartier ? C'était Mademoiselle Deroubaix, Jeanne pour ses amis, Jeannette pour ses plus proches, la déléguée du Bon Dieu à Faches, comme l'avait si bien appelée le Président de l'Union des Retraités et Personnes Agées. Mlle Deroubaix nous a quittés le dimanche 21 octobre, et nous fûmes très nombreux à l'entourer de notre présence, de nos chants, de notre prière, lors de la messe de funérailles le jeudi 25 octobre.

Elle était née à Faches, il y a 77 ans; baptisée dans l'église Ste Marguerite, elle a vécu toute sa vie de travail, ses joies, ses peines, sans jamais quitter son quartier. Les anciens du village se souviennent de la petite épicerie tenue par sa tante Amélie, de son père qui était vétérinaire, et de sa sœur, institutrice à l'école Notre Dame. Enracinée par une longue tradition familiale et chrétienne dans cette paroisse Ste Marguerite, Mlle Deroubaix se met, dès son plus jeune âge, au service de celle-ci ; par exemple, musicienne, elle est à l'harmonium et dirige la chorale paroissiale; elle apporte ainsi son aide précieuse à tous les prêtres qui se sont succédés dans la paroisse. Institutrice à son tour, Mlle Deroubaix seconde sa sœur mais la maladie de leur maman l'oblige à abandonner l'enseignement; elle choisit alors de reprendre l'épicerie familiale pour être plus disponible et assurer une présence devenue indispensable à la maison.

Après le décès de sa mère et de sa sœur Anne Marie, la voilà seule. Elle tente de réintégrer l'école mais elle ne s'y sent plus à l'aise; alors, ayant reconnu son don de s'occuper des malades, elle entreprend des études d'infirmières, elle allait avoir 50 ans ! Pendant quinze ans elle exerça ce métier à Faches, toujours avec dévouement et bonheur, et les nombreux fachois qui eurent recours à ses services se souviendront de sa gentillesse, de sa gaieté.

Mais le portrait de Mlle Deroubaix ne s'arrête pas à un parcours professionnel; militante infatigable, elle est toujours proche des habitants de Faches-Thumesnil. Après la guerre, tandis que la paroisse rythme la vie sociale de ses ouailles, on retrouve Mlle Deroubaix en cheftaine de colonie, en responsable des pèlerinages à Ste Marguerite, en animatrice de la kermesse, en directrice d'une troupe de théâtre amateur dans les locaux alors tout neufs des Arcades. Quelle joie de vivre ! Lorsque le visage de Faches se modifie au gré des nouveaux quartiers et de la disparition des fermes, et que la vie communale remplace peu à peu la vie paroissiale, c'est tout naturellement et sans amertume que Mlle Deroubaix prend place dans la vie de la cité : c'est alors l'époque des voyages avec l'association qu'elle a créée : elle emmène les joyeux "amis de la route" dans des aventures chaleureuses.

Bien entendu, les malades, les handicapés occupent toujours une grande place dans sa vie: ainsi elle participera, en tant qu'infirmière, à vingt et un pèlerinages diocésains à Lourdes. Lorsqu'enfin elle prend sa retraite et que la maladie la menace déjà, elle découvre d'autres solidarités, celles des personnes âgées, des exclus, des isolés. Vice-présidente de la section locale de l'Union Nationale des Retraités et Personnes Agées, elle s'active, avec les membres du bureau pour promouvoir la santé et le mieux vieillir chez les retraités. Elle devient aussi responsable de l'équipe paroissiale de la Vie Montante; elle s'engage dans le service évangélique des Malades, devient membre de l'ACAT (association des chrétiens pour l'abolition de la torture), du CCFD (comité catholique contre la faim et pour le développement).

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Voilà pour la partie visible de la vie de Mlle Deroubaix. Mais pour l'autre partie, celle de l'invisible, celle du cœur ? Nous sommes nombreux à l'avoir découvert par petites touches, au cours des contacts que nous avons eus avec elle. Elle avait pour chacun le geste qui accueille, l'oreille qui écoute, le mot qui réconforte, la chansonnette qui fait sourire. Mais où puisait elle cette inlassable énergie ? Son profond respect de l'autre ? Son sens inépuisable du service ? Son intense joie de vivre ? Et bien, tout simplement, dans la prière, l'Eucharistie, l'Evangile. Sa foi était si solide, sa confiance si totale, qu'aucun événement de sa vie, si crucial fut-il, ne l'a jamais laissée abattue. D'ailleurs, cette espérance, cette joie, Mlle Deroubaix avait voulu qu'elles apparaissent lors de la célébration de ses funérailles en son église Ste Marguerite; pour cela, elle avait demandé des chants qu'elle aimait tout particulièrement; elle avait émis ce souhait lors de sa dernière visite à son église, le jour de Pâques. Par son exemple, Mlle Deroubaix a suscité bien des bonnes volontés; aussi, nous n'avons pu que nous réjouir lorsque, l'an dernier, elle reçut des mains de Monsieur le Maire, la Médaille de l'Encouragement au Dévouement. Le poème, composé par son amie Odette Vercruysse, est bien en accord avec la vie de Mlle Deroubaix :

" Les moutons donneront leur laine,
Les oiseaux donneront leur chant
Et toi tu donnes la peine
Pour adoucir la vie des gens.
Tous gens qui croiseront ta route
Se sentiront meilleurs soudain
Et toi, pour apaiser tes doutes
Tu n'auras qu'à ouvrir tes mains."

Mademoiselle Deroubaix, vous nous avez donné votre peine, vous nous avez ouvert les mains. Merci.

Didier Lherbier

Remerciements à :

Mesdames Mauricette Denhaëne-Thoilliez de Rumegies, Jacqueline Dugrain, Jeannine Houdart et Myriam Potentier de Faches-Thumesnil, Louise Dupriez de Wattignies, Claudine Simoëns de Templemars.

Messieurs Jean Marie Poupard et Roland Dupriez de Wattignies, Marcel Fremaux de Faches Thumesnil, Claude Leprêtre de Ronchin.

Documentation: La Voix du Nord / Archives ACHFT.

Cliquer pour agrandir...Lettre reçue suite à la parution de l'article sur Jeanne Deroubaix dans le bulletin n°69 de mars 2007


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