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EN CE TEMPS-LA
FACHES-THUMESNIL

Ma plante, l’œnothère

Les différentes espèces peuvent se croiser entre elles, donnant des hybrides présentant des caractères intermédiaires, qui à leur tour peuvent engendrer une nouvelle lignée ; par exemple celle du Pont Geslot Voreux est issue du croisement entre les deux espèces O. biennis et O. erythrosepala : de la première, la plante hybride hérite la plus petite taille des pétales, de la deuxième, les sépales striés.






L’onagre au Pont Geslot Voreux, près de la balustrade de sécurité (photo prise le 6/6/2009 : plante issue du croisement entre O. erythrosepala et O. biennis. Elle a hérité du premier parent les sépales striés et du second, la corolle plus petite. À droite de la plante, l’épi brun foncé de la graminée est celui du brome stérile.

cliquez pour agrandir...Si nous faisons maintenant un bilan sur les variétés de plantes parmi les œnothères, les 30 espèces signalées plus haut et les hydrides, nous disposons de la meilleure illustration de ce que le biologiste américain, Edward O. Wilson, a appelé, en 1994, la biodiversité.

L’œnothère synthétise l’acide gamma-linolénique dans les graines

Cet acide gras intervient dans la construction de la membrane cellulaire. Mon patron de thèse, étant connu spécialiste des œnothères, avait été contacté par le CETIOM (Centre Technique Interprofessionnel des Oléagineux Métropolitains) pour prospecter parmi les œnothères la meilleure espèce productrice de l’acide gras. Nous avons ainsi pu illustrer la biodiversité au niveau de ce caractère et nous avons isolé l’espèce performante qui fournit maintenant cet acide gras, incorporé dans une crème solaire (l’image de la fleur de cette espèce et du bouton floral figure sur le panneau publicitaire de l’entreprise productrice de cette crème).

Dans quelle fonction de la plante se situe ma recherche sur l’œnothère ?

La fonction de reproduction. L’œnothère a une aptitude particulière à se reproduire qui met en jeu plusieurs mécanismes cytologiques et génétiques que la plante est seule à suivre parmi les plantes à fleurs.

Les fleurs de la plupart des plantes à fleurs, possédant des étamines et des ovules, – la plante est dite hermaphrodite – produisent les gamètes mâles et femelles et elles se suffisent donc à elle-même pour donner naissance à la graine, contenant l’embryon : on dit qu’elles s’autofécondent.

Sur le plan génétique, ce mode de reproduction a un défaut important : les deux gamètes issus de la même plante transmettent un patrimoine génétique très proche qui aboutit à des individus non viables ; par exemple, une plante de betterave, isolé dans un champ, produit des graines vides (sans embryon) ou pas de graines, elle est stérile par isolement. Par contre, si elle est entourée par d’autres plantes, elle produit des graines pourvues d’un embryon qui, à la germination, deviennent de nouvelles plantes. La plante est donc fertile en population parce que l’embryon est issu de gamètes d’individus différents, comme chez les animaux par l’effet de la distinction des individus par le sexe.

cliquez pour agrandir...À la différence de la betterave, l’œnothère s’autoféconde et donne une descendance normale, viable, fertile à son tour par autofécondation. Elle échappe donc au défaut de stérilité à la suite de l’autofécondation. En effet, grâce à un mécanisme cytologique, les gamètes de la plante sont régulièrement de deux types et seulement de deux, alors que chez les plantes, autres que les œnothères, ils sont de types variés. Ensuite, à la fécondation, grâce à un mécanisme génétique, l’embryon, issu des deux gamètes différents est viable et donne une plante, et celui issu des deux gamètes identiques est non viable, la graine est vide.

Ma recherche a consisté à comprendre le fonctionnement de ces deux mécanismes et elle a abouti à la soutenance de la thèse d’État en Sciences Naturelles, en septembre 1974.

Je remercie le président de notre association, Monsieur Didier Lherbier, de m’avoir offert les pages de la revue pour décrire, aussi simplement que possible, la vie de « Ma plante ».

Raymond Jean.
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Vous pouvez explorer plus en détail le sujet en lisant la thèse de Raymond Jean sur le site de l'université : en cliquant ici...