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EN CE TEMPS-LA
FACHES-THUMESNIL

LA BATAILLE DE FACHES, OCTOBRE 1914

5 octobre 1914.

Une offensive, décidée par le général Baquet, qui a pour but de dégager Lille va permettre aux Français de reprendre l’initiative et le terrain perdu. Objectifs : réoccuper Ronchin, Lesquin et Faches.

De Lille, le 1er bataillon du 21ème RI a entamé à 6h son mouvement qui le mène à la Porte de Douai. De là il va prendre part à l’action sur Ronchin. Jean Julien Weber, 21ème RI : " Le lendemain, 5 octobre, de très bon matin, les femmes qui habitaient près de l’imprimerie où j’avais couché avec mes hommes nous apportèrent du café, le breuvage national de par là. On déjeuna. Puis on dut se mettre en route. On longea la voie ferrée, dans la direction de l’est. Derrière le talus, des territoriaux se reposaient. Nous sommes en position d’attente et de repos disaient-ils. On se dirigea sur le cimetière Lille Ouest, le cimetière du Sud. Après avoir stationné quelque temps sur la route, ordre vint de se rassembler, le bataillon entier à la porte sud (par où sort la route Lille au Havre). Puis, après encore un arrêt, on prit la direction du sud. Une batterie de 75 tonnait et recevait quelques 77. Les gens se promenaient curieusement, voulant voir, sans se soucier du danger. On nous donna comme direction Thumesnil. On se plaça derrière la crête qui se trouve entre Thumesnil et l’Arbrisseau. Un combat était sur le point de s’engager. Des cyclistes allemands se déployaient sur la route de Douai, face à nous. On les voyait longer les fossés après avoir déposé leurs bicyclettes. On déploya nos hommes. Avec mes deux sections, je fus chargé de défendre, en cas d’attaque, le passage à niveau de la route Thumesnil - Faches [note] . On organisa les maisons. Des balles sifflaient. Une batterie de 77 commençait à nous bombarder. Les obus coupaient les fils téléphoniques. Tout ce bruit me donna faim et j’entamai mes provisions… "

L’attaque est lancée par le 8ème RIT qui s’est mis en route à 9h à partir du pont de Ferrières et par les 2ème et 3ème compagnies du 5ème RIT à partir du passage à niveau entre Faches et Thumesnil. La 11ème compagnie du 8ème RIT - capitaine Lesur - avance en deux colonnes dont l’une doit déboucher du passage à niveau de Thumesnil et suivre le chemin qui va de Thumesnil à Faches . L’autre, depuis le pont de Ferrières doit suivre le chemin qui la mène à Faches , ces deux colonnes devant se rejoindre à l’entrée de Faches. Quelques canons allemands installés au Moulin de Lesquin ainsi qu’à l’entrée nord-ouest de Faches ouvrent le feu. Renforcée par la 9ème compagnie, elle avance pourtant, s’abritant derrière les quelques maisons bordant la route de Thumesnil à Faches. La 11ème Cie, toujours conduite par le lieutenant Lesur, entre dans la bataille, dans le plus mauvais endroit de la ligne de combat. Pour éviter à ses troupes le passage du pont de Ferrières vu du clocher de Lesquin, le capitaine Lesur prescrit aux sections Verley et Dupont de se déployer et de traverser la voie ferrée au fond de la tranchée de chemin de fer et après avoir escaladé le talus de s’y tenir à l’abri en attendant l’ordre d’attaquer.

Les hommes des 2ème et 3ème sections, quant à eux, accomplissent les gestes précurseurs que répéteront durant trois ans les poilus des tranchées. Sauter le parapet, en dégringoler, courir vers l’ennemi invisible sous le feu d’enfer qui s’est aussitôt déclenché. Prenant pour point de direction le clocher de Faches, seul visible au-dessus de la crête, parcourant les six cents mètres en se déployant, en bondissant, se couchant au coup de canon ou au tir de mitrailleuse, bondissant de nouveau sitôt la rafale passée jusqu’au moment où l’ennemi, devenu visible, on commencerait le feu pour préparer le choc et l’assaut final. A peine la section Verley est-elle apparue sur le parapet de la tranchée de chemin de fer que la demi-batterie allemande établie au Moulin de Lesquin l’accueille par une canonnade bien dirigée. La distance bien calculée, la pièce bien pointée, mais les obus explosent pour la plupart trop haut. Il en arrive suffisamment au but pour atteindre quinze hommes. Si cette proportion se maintient, aucun des cent vingt soldats ne parviendra à la crête où les attend probablement un tir de mitrailleuses à deux cent cinquante mètres.

Ordre est donné au capitaine Lesur de ramener ses sections en arrière du parapet de chemin de fer. Le peloton Bureau - 1ère et 4ème sections - après avoir progressé sans incident sur le chemin de Thumesnil à Faches jusqu’à six cents mètres du passage à niveau se heurte à de grosses difficultés. Section Provost en tête, la demi-compagnie Bureau monte vers la crête : deux files de soldats courent dans les fossés, des goumiers leur ayant crié au passage que peu d’Allemands, tout au plus une compagnie, tenaient Faches. Un coup de canon tue un soldat de la compagnie Pruvost et en blesse un autre. Les deux sections se déploient dans les champs, une mitrailleuse placée sans doute près des canons se met de la partie et des nappes de balles maintiennent les soldats couchés.

On saura plus tard, en découvrant deux monceaux de douilles d’obus et deux monceaux d’étuis de cartouches à l’entrée de Faches qu’il n’y avait là que deux canons et deux mitrailleuses. Aucun canon, aucune mitrailleuse, aucune réserve n’appuyait le peloton Bureau. L’ennemi, bien embusqué à six cents mètres, pouvait-il être délogé par une fusillade au jugé ?

Le problème du pont de Ferrières et du Moulin de Lesquin se posait ici dans les mêmes termes. Le résultat de l’attaque de Faches était que quatre sections étaient immobilisées sous le feu ennemi et attendaient le concours de l’artillerie. C’est à ce moment là qu’intervient le commandant De Pardieu du 8ème RIT. De son poste de commandement installé à l’Arbrisseau, il fait savoir qu’il aurait été préférable de connaître les résultats de l’action du 21ème régiment d’infanterie opérant à gauche vers Ronchin. Il est donc entendu que le groupement territorial suspend son offensive jusqu’à ce que le 21ème soit engagé à fond contre Ronchin. Le capitaine Lesur reçoit alors un billet crayonné lui demandant de ramener ses troupes à l’arrière de la voie ferrée. L’artillerie est prête à intervenir. Lesur place la section Verley en arrière du talus est, la section Dupont en arrière du talus ouest dans l’attaque du signal d’attaque.