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EN CE TEMPS-LA
FACHES-THUMESNIL

Mais cette fois nous avons attiré le ciel à nous …

"Le jeudi 25 août, jour de Saint-Louis, avoit été fixé pour celui des aéronautes ; et comme il étoit annoncé depuis environ 15 jours, quantité d’étrangers François et Autrichiens s’étoient rendus à Lille pour jouir de ce spectacle. Mais la matinée du jeudi a été si pluvieuse, le terrain où l’on avoit placé l’appareil étoit si glissant, qu’à une heure après midi, après beaucoup d’incertitude, et quoique la pluie eût cessé, M. Blanchard fit représenter à M. le Prince de Robecq qu’il étoit impossible de faire son expérience ce jour-là, par le temps qu’il lui restoit pour emplir son ballon et faire ses autres préparatifs. Mgr le Prince ayant reconnu cette impossibilité, M. Blanchard vint dire qu’il alloit remettre son départ au lendemain, si le temps le permettoit."

On ne peut décrire, disent les Feuilles de Flandre, l’effet magnifique et imposant de cette ascension. Qu’on se représente un superbe ovale de quatre vingt seize pieds de hauteur sur trente cinq de diamètre, auquel étoit suspendue une belle nacelle ornée de crépines d’or, M. Blanchard et le chevalier de L’Espinard, son compagnon de voyage, saluant de leurs drapeaux, les applaudissements de ceux que la sensibilité, l’effroi ou l’admiration ne rendoient pas immobiles ; toutes les troupes de la garnison (six régiments) sous les armes, en grande tenue, formant un grand quarré qui renfermoit le tout, cent tambours battant aux champs et plus de deux cens musiciens ou trompettes sonnant fanfare, tout concouroit à rendre ce moment ravissant. Les remparts étoient couverts de monde et les promenades, les maisons, les fenêtres, les toits, les clochers regorgeoient de spectateurs."

De l’observatoire de M. Hélie, rue Grande-Chaussée, les sieurs Hélie, Guffroy et Frassinetti observent, au moyen de lunettes, les préparatifs de l’ascension. A 11h10', ils aperçoivent l’aérostat qui s’élève majestueusement et prend sa direction du nord-ouest au sud-est. Ils le suivent des yeux et le voient s’éloigner insensiblement, toujours dans la même direction, jusqu’à ce qu’ils le perdent de vue derrière un nuage, deux minutes avant midi.