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EN CE TEMPS-LA
FACHES-THUMESNIL

ODETTE VERCRUYSSE, l'interprète du bon Dieu.

C'est alors que débute la véritable vocation d'Odette Vercruysse : chanter Dieu et les hommes, car trois axes forts animent alors sa vie :

  • L'amour des hommes exprimé d'abord dans l'exercice de son métier d'infirmière, puis à travers toute son œuvre. C'est une nuit, au cours de soins prodigués à un mourant, qu'elle est bouleversée de s'entendre dire : "Et vous ! Qui vous dîtes croyante, qu'avez-vous fait du Seigneur ?" Cette interrogation touche son cœur au plus profond. Elle racontera plus tard que lorsqu'on secoue un auteur compositeur, il en sort une chanson.

  • cliquez pour agrandir...L'amour de Dieu qui transperce toute son œuvre. Comme les auteurs de Negro Spirituals, Odette a cette formidable ressource de libérer dans la chanson ses joies mais aussi ses peines et de les partager. Comme eux aussi, elle sait avec les mots de tous les jours dire les choses de la vie mystique.

  • La beauté née de la nature. Tertiaire de Saint François, amoureuse de son jardin, Odette s'y promène, s'y ressource, y puise son inspiration. Elle a le désir de transmettre à l'humanité ce qu'elle ressent au contact de la nature.

C'est aussi la période de l'après Concile Vatican II . L'église donne un coup de jeune à la liturgie et facilite un style nouveau pour les chants religieux avec des paroles simples, des mots de tous les jours, une musique mélodieuse et rythmée, facile à apprendre, facile à reprendre en chœur par une assistance qui chante Dieu, la joie, l'humanité. Dans la plupart des textes d'Odette on retrouve le mot joie associé à une idée de mouvement, soutenu par une musique qui se fait douceur avec tendresse. Et ces prières, car il s'agit évidemment d'une forme de prière, sont imprégnées de confiance, de l'abandon serein de l'amour partagé. "Dans mon enfance on nous présentait Dieu sur un piédestal, à la fois solennel, inaccessible et terrible. Maintenant on parle de Dieu aux enfants comme quelqu'un qui fait partie de la famille, on est joyeux d'être ensemble. Voilà l'évolution." Et encore : "Ecrire une chanson, c'est vouloir partager ses peines et ses joies avec tous ceux qu'on aime sans les avoir pourtant rencontrés une fois. C'est vouloir leur donner, comme un bel instrument, son cœur et ses idées pour que leur mélodie, en passant par leurs doigts, s'en trouve harmonieuse. Ecrire une chanson, c'est confier à tous ceux qui la fredonneront le secret de ta joie, en espérant qu'un jour ils le recueilleront et qu'ils arriveront, mieux que tu ne l'as fait, à vivre de ces mots lorsque tes yeux à toi se seront à jamais fermés sur un sanglot."

cliquez pour agrandir...Un nouveau tournant à sa carrière est donné en 1968. A Yerres, en région parisienne, le chanteur noir John Littleton, passionné de negro-spirituals, est bouleversé par les hymnes de la fille du Nord. Originaire de la Louisiane, il est né dans une plantation à Tallulah, d'un père pasteur baptiste et cultivateur, John Littleton est, dès son plus jeune âge, à l'église où il accompagne son père et il commence à chanter. Ses obligations militaires le conduisent en France, à Reims, où il rencontre Jeannine Diblik avec qui il se marie le 10 juillet 1957. Il reste alors en France et fréquente le conservatoire national de Paris, à sa sortie il obtiendra le 1er Prix de chant, le 1er Prix d'opéra et le second prix d'opéra comique. Mais il s'oriente rapidement vers le chant religieux et enregistrera plus de soixante quinze disques. Enthousiasmé par les chants d'Odette, il va devenir l'élément qui la fera connaître, elle et sa chorale, en France puis en Europe et au monde entier.

cliquez pour agrandir...Leur premier disque commun, "Amen", sort en fin d'année 1969, c'est un succès quasi immédiat, la consécration. Ensemble ils vont enregistrer une dizaine de disques. "C'est John qui a porté mes chants. Sans lui ils n'auraient jamais dépassé la région lilloise, c'est une amitié de plus de vingt cinq ans qui nous unissait…".

La chorale des Jiti a toujours été une vraie communauté. Odette, interviewée en 1984 : "Le public l'ignore, mais avant chaque concert, mes Jiti récitent le Notre Père pour leur public. Une démarche pleine de signification. Nous cherchons Dieu ensemble. Nous essayons de Le dire et de L'aimer ensemble. Et je crois que çà, les gens le sentent. Après les concerts, très souvent, ils viennent demander de prier pour tel ou tel des leurs. Tenez, nous revenons du Canada, où l'accueil a été extraordinaire. Des auditeurs sont venus nous dire : vos chansons nous aident à vivre et ils nous ont embrassés. Une femme m'a offert une colombe, un vieux bijou de famille auquel elle tenait beaucoup. Ce geste en dit long. Une autre est venue me dire, au terme d'une messe de mariage (ces messes sont les plus difficiles à animer, le public y est en effet très dissipé) : cela fait vingt cinq ans que je n'avais pas prié. Avec vous cela m'est venu naturellement. Ce qui me passionne, c'est justement tous ces gens là. Pas ceux des premiers rangs – eux sont notre public fidèle et complice de notre aventure – mais tous les autres, ceux qui n'ont pas osé s'asseoir et restent timidement tout au fond. Je dis toujours à mes gosses : vous devez chanter et articuler pour eux. Vous savez, quand le public sent que vous lui êtes absent, il reste inerte, mort. J'en suis convaincue et, parfois, à l'entracte, lorsque la salle n'a pas encore chauffé, je harangue mes gosses, je les engueule !"

cliquez pour agrandir...Des centaines de chansons ont ainsi été composées par Odette Vercruysse. "J'ai écrit plus de deux cents chansons dont une soixantaine sont vraiment au point …." dit-elle déjà en 1962, à 37 ans. Les Jiti les chanteront en France, au Canada, au Portugal, en Belgique et dans nombre d'autres pays. "C'est une route de travail et d'amitié, faite de rencontres formidables : John Littleton, Raymond Fau, Jo Akepsimas, Gaëtan de Courrèges, Noël Colombier, Guy de Fatto, Raoul Muttin, les frères Pradelles et les nombreuses chorales amies" évoquait Jean Luc Goessens, président des Jiti, lors des funérailles d'Odette Vercruysse le jeudi 20 avril 2000 en l'église de Faches.