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EN CE TEMPS-LA
FACHES-THUMESNIL

EMILE MASSON

Le Paris-Roubaix 1939 emprunte le parcours historique des premiers Paris-Roubaix. Il part de Paris Porte Maillot (départ fictif), passe par Le Vésinet (départ réel), par Pontoise, Beauvais, Amiens, Doullens, Arras, Hénin-Liétard, Courrières, Carvin, Seclin, Wattignies, Faches, Lesquin, Ascq, Forest, Hem et l'arrivée se fait à Roubaix, face au n°37 de l'avenue Gustave Delory. Emile Masson est le dernier vainqueur à avoir franchi cette ligne d'arrivée, les arrivées suivantes, à partir de 1943, se feront au nouveau Vélodrome. Il y a 262 kilomètres à parcourir dont environ cinquante cinq de pavés, dix sept dans les traversées des différentes agglomérations et trente huit quasi non stop entre Hénin-Liétard et l'arrivée, le secteur le plus difficile se situant entre Wattignies et Roubaix. Il est à signaler que les routes de Wattignies à Roubaix furent fermées à la circulation automobile pour la première fois lors de cette édition 1939.


A gauche, le trajet 1939, à droite celui de 2005.

A la question "Pensiez-vous gagner ce jour là ?" Emile Masson répond :

" Pas du tout ! Le samedi précédent j'avais participé au Tour des Flandres. Avant la course j'avais mangé un steak et des haricots verts. Je leur avais trouvé un goût bizarre à ces haricots. J'ai été malade toute la nuit. Quand je suis rentré à la maison le lendemain, j'étais plein de boutons. Mon père était très en colère. Il m'a demandé si j'avais mis du doping dans mon bidon ou si j'avais pris le bidon d'un autre. Le jeudi, j'ai effectué mon entraînement traditionnel : Liège Dinant aller et retour. Mais j'étais tellement mal et fatigué qu'arrivé à un passage à niveau fermé, je suis monté dans le train qui était à l'arrêt pour rentrer chez moi. Je devais être de retour à 19h20, comme à chaque fois. J'ai fait en sorte de rentrer à cette heure là, comme si j'avais vraiment effectué tout le circuit. C'est la seule fois où j'ai menti à mon père ! Le lendemain, vendredi saint, ma mère m'a préparé quatre tartines au fromage blanc. J'en ai mangé deux dans le train qui m'emmenait vers Paris. En principe, le soir, je devais retrouver les autres coureurs au restaurant. Mais ce jour là, j'ai juste demandé un litre de lait que j'ai avalé avec mes deux dernières tartines. Le samedi, après le poinçonnage des vélos, j'ai passé l'après midi au lit. J'avais toujours de la fièvre quand j'ai pris le départ, dimanche. Jusqu'à Arras je me disais, c'est pas cette année que je vais gagner …… Et puis à Arras, sans doute après avoir fait une bonne transpiration, tout à coup je me suis senti meilleur. Mais il y avait trois pelotons, trois groupes devant moi…… Je suis revenu sur un groupe, je les ai lâchés, je suis revenu sur un autre groupe. Il y avait deux gars de chez Alcyon, Hendrick et je ne sais plus qui. Et quand je les ai rattrapés, Hendrick, Albert Hendrick qui a gagné le Paris-Brest en 1948, m'a dit "Comment va, Emile ?" Je lui ai dit "T'en fais pas, je vais vous lâcher", je leur annonçais la couleur. Je les ai lâchés et, à Seclin, j'étais dans le premier groupe. Et là je me suis dit je vais gagner maintenant. "

A Wattignies démarre un affreux petit chemin étroit et tourmenté. Le premier coureur qui ose attaquer sur ce sentier est le luxembourgeois Jean Majérus. Deux coureurs vont se lancer à sa poursuite et le rejoindre au bout d'un kilomètre : Roger Labépie et Emile Masson. Masson démarre alors à une allure de bolide et se lance seul en avant ……

" ... et deux kilomètres plus loin, j'ai crevé. J'avais un gonfleur dans ma poche arrière. Un spectateur m'a aidé. Quand ma voiture est arrivée nous avions déjà mis le boyau de rechange sur la roue. Je voulais une jante en duralu mais on m'en a donné une en bois. J'ai pu repartir et j'ai rattrapé un peloton d'une quinzaine d'hommes dont Labépie et Majérus ……"

Tendant toute sa volonté, fournissant un effort absolument fantastique qui restera comme l'un des plus grands exploits jamais réalisés dans Paris-Roubaix, Emile Masson réussit à rejoindre ceux qui l'ont doublé pendant son arrêt. Il passe le peloton et rejoint Labépie et Majérus à huit kilomètres du but, vers Forest sur Marcq et relance une nouvelle attaque. Majérus n'insiste pas longtemps et s'arrête sur crevaison du reste. Labépie s'accroche désespérément mais en vain. Et le jeune Masson, poursuivant seul sa course triomphale arrive à Roubaix avec une minute trente d'avance sur les suivants.