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Mélodies en sous-sol

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Egarement dans un parking

Mélodies en sous-sol

Pierre Bonnet


 

 

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Le parking souterrain du centre commercial Euralille essaie de tromper son monde : il tente de se faire passer pour un lieu de vie, pour un endroit chaleureux. Mais malgré la musique et les couleurs, il n'y arrive pas. Quelques heures passées dans ce sous-sol bétonné suffisent à s'en persuader.

« Ici, on ne peut pas dire que ce soit très agréable. Il fait super chaud l'été et vraiment très froid l'hiver. Et puis le bruit est insupportable… Oui ! le bruit, c'est vraiment gênant. »

Ce lieu paradisiaque qui est décrit par Karl, c'est le parking souterrain du centre commercial Euralille. Le seul problème c'est que Karl y travaille. Depuis deux ans, ce jeune homme de 25 ans nettoie des voitures au premier niveau du parking. Et effectivement on ne peut pas dire que ce soit très agréable malgré les efforts qui sont faits par la société Sogepark qui gère l'endroit.


Sucres d'orge de soutènement

En effet ce parking de 3500 places dévoile quelques originalités. Il est divisé en plusieurs zones et à chacune d'elles correspond une couleur : rouge, jaune, vert et bleu. Les énormes piliers de soutènement ressemblent à s'y méprendre à une forêt de sucettes acidulées ou de sucres d'orge géants.

Ici les couleurs sont partout : sur les murs, les panneaux, les marquages au sol. pourtant rien ne semble pouvoir atténuer la froideur du béton. Même les troublantes silhouettes féminines qui indiquent les sorties n'arrivent pas à humaniser ce temple érigé en l'honneur de la voiture et de la société de consommation.

Bruel en concert au niveau -1

Quant à la musique diffusée par les multiples haut-parleurs, à en juger par le comportement des automobilistes, on ne peut pas dire qu'elle adoucisse les mœurs. Pour couvrir les crissements de pneu, Bruel est obligé de se casser la voix. Quant à La Corrida de Cabrel, elle est interrompue par un violent coup de frein : une Fiat Tipo s'engageant dans un sens interdit manque d'écraser un jeune cadre dynamique pressé de récupérer sa voiture et de rentrer chez lui… Comme on le comprend.

Non content de perdre ses tympans, on risque de perdre la vie. Patrick qui travaille à la maintenance depuis 7 ans confirme. « Il n'y a jamais eu un problème, jamais une agression ; par contre il y a déjà eu des accidents. »

Des machines à visage inhumain

Ce parking se veut donc à échelle humaine et pourtant c'est le royaume de la machine. Tout y est automatisé. Même la nourriture : deux distributeurs de boissons et de friandises stratégiquement placés près de la caisse automatique guettent le conducteur affamé. Gare au mauvais consommateur, les caméras l'épient et les vigiles-automates risquent de trouver son attitude suspecte.

Cependant cette automatisation ne fait pas le bonheur de tous. Dans sa grande générosité le supermarché du premier étage offre une heure et demie de parking, mais pour Marielle, mère de famille nombreuse, « C'est dur de faire ses courses en une heure et demie, il faut courir. En plus avec ce système de caisses automatiques, il m'est arrivé de bloquer une demi-douzaine de voitures parce que j'avais oublié de payer avant de sortir. »

Heureusement il y a Karl. Perdu au milieu des berlines garées en bataille, des caméras et des produits d'entretien, il est le seul îlot d'humanité dans cet endroit sur-automatisé.

Pour 8 francs de l'heure et 100 francs la journée, payez vous la ballade… Un jour de pluie.

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© ESJ - Lille - mars 2001