
(photos
Sara Roumette)
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Il
existe une petite vie dans les grands parkings. A Euralille, s'occupant
des 3500 places ouvertes 24h/24h, on croise des agents d'accueil, des
gardiens, des employés de maintenance. Ou encore Karl qui, toute
la journée, lave les voitures "à l'ancienne" pendant que
l'on va travailler ou faire ses courses.
L'hiver,
il voit à peine la lumière du jour. Il arrive au parking
à 10 heures, et n'en ressort qu'à 18. Entre temps, Karl
a nettoyé une demie douzaine de voiture "à la main".
L'entreprise qui l'emploie, Autobella, loue six places dans le gigantesque
parking d'Euralille, et propose donc aux clients de se faire laver leur
voiture dans les règles de l'art.
Après
avoir pas mal galéré, travail en intérim et chômage,
il a sauté sur l'occasion quand une place s'est libérée.
« Passer mes journées en sous-sol ? J'y ai même
pas pensé... L'important, c'était d'avoir du boulot. »
Un métier qu'il exerce depuis deux ans et dont il ne se lasse pas.
Lavage à
la carte
Les
milliers de kilomètres carrés de lumière blafarde
et de courant d'air ne sont pourtant pas des plus réjouissants.
La volonté des dirigeants du groupe Vinci est d'humaniser l'espace.
Des dizaines de caméras balaient le moindre recoin, garantissant
la sécurité des clients. Et créant une ambiance paranoïaque.
« Moi, j'ai pas trop de problème parce que mon entreprise
est indépendante. Mais le boss du parking ne se prive pas de venir
me dire quand un véhicule dont je m'occupe dépasse un peu
de son périmètre. Et puis, j'ai même pas le droit
à une place pour ma voiture personnelle. »
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« L'hiver
il fait froid. Mais le pire, finalement, c'est l'été. Il fait
une chaleur là-dedans... » |
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Pour
un forfait de 200 francs en moyenne, on peut déposer sa voiture
et la retrouver rutilante deux heures plus tard, intérieur compris
si nécessaire. Une activité qui s'inscrit très bien
dans le cadre d'un immense parking. « On a une gamme de services
très large, explique Karl. Les clients aiment bichonner leur voiture. »
Certains viennent même deux fois par semaine.
La force des habitudes
Seul
sur ce site - le concept existe dans d'autres parkings de la
ville - il enchaîne quatre jours par semaine. Par tous les
temps. « L'hiver, il fait froid. Mais le pire, finalement,
c'est l'été. Il fait une chaleur là-dedans... »
Et plus que la lumière, c'est le bruit permanent des moteurs qui
le fatigue.
Avec
un salaire au niveau du Smic et des pourboires qui ne dépassent
pas les 150 francs par semaine, Karl ne compte pas s'éterniser
dans ce sous-sol. Mais ce n'est pas du tout pour un besoin irrépressible
de remonter à la surface. « C'est pas l'enfer ici, on
s'habitue bien. Le seul truc, c'est que je vais pas laver des voitures
toute ma vie. »
Lire
également : "Mélodies
en sous-sol"
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