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EN CE TEMPS-LA
FACHES-THUMESNIL

LE TELEGRAPHE CHAPPE A FACHES THUMESNIL

La formation du réseau.

Commencé sous la pression des nécessités politiques et militaires les plus urgentes, le premier réseau de télégraphe va croître de façon assez peu rationnelle, au gré des urgences et des opportunités. Faisant suite à la ligne Paris Lille, on mettra en service les lignes Lille Dunkerque et Paris Brest en avril 1798 puis Paris Metz Strasbourg en juillet de la même année. Sous le premier Empire on verra surgir de terre les lignes Lille St Omer Boulogne en 1803, Lille Bruxelles Anvers Amsterdam puis Paris Dijon Lyon en 1807 avec prolongement ultérieur sur Turin avec prolongation sur Milan en 1809 et Venise en 1810. Pendant la Restauration (1815-1830) verront le jour les lignes Lyon Avignon Marseille Toulon en 1821 et Paris Tours Bordeaux Bayonne en 1822. Enfin sous la Monarchie de juillet (1830-1848) les lignes Nantes Avranches Cherbourg en 1833 et Bordeaux Toulouse Narbonne Nîmes Avignon en 1834. Au milieu du XIXème siècle un réseau de plus de 5 000 kilomètres est ainsi réalisé, reliant 29 villes et comprenant 534 stations. Ces lignes de télégraphe ne seront utilisées que pour les communications officielles ou militaires, à l'exception d'une courte période où les résultats de la Loterie nationale seront également transmis.

La ligne Paris Lille dans le Nord, les postes de Seclin, Lille puis Faches.

Le 26 août 1793 le Comité de Salut public accordait un crédit de 170.240 livres pour les seize télégraphes nécessaires pour la correspondance de Lille.

Sur la ligne Paris Lille on comptera trois postes implantés dans le département. Seclin, sur la collégiale Saint Piat, capte les messages du poste de Carvin et les retransmet à Lille dont le poste est installé sur l'église Saint Pierre dans un premier temps puis sur l'église Sainte Catherine.

Le troisième poste de cette ligne sera installé plus tardivement à Faches. Ce n'est en effet qu'à partir de juin 1842, que l'on note sa présence, il remplace la machine de Seclin qui servait depuis 1795 et qui est démontée pour une raison inconnue.

C'est en mars 1794 qu'est citée officiellement et pour la première fois l'église Saint Pierre sur la tour de laquelle va être installée le premier télégraphe. Les travaux commencèrent vraisemblablement en avril mais furent vite stoppés par manque d'argent : "J'aurois encore quelques travaux à faire à la Tour Saint-Pierre, mais faute d'argent je ne puis rien faire." [note] La ligne est ouverte le 16 juillet. Mais le clocher de Saint Pierre, isolé par la destruction de la Collégiale dès les premiers jours de la Révolution, paraît d'une solidité douteuse. "Le conseil municipal arrête qu'il sera fait demain, à 10 heures du matin, une visite scrupuleuse de la Tour Pierre pour en constater l'état et nomme à cet effet les citoyens Desjardins, Président, Moronval et Marissal, officiers municipaux, Verley, Lesaffre et Liétard, architectes, Delannoy, architecte de la commune, Daigneau et Capon, maçons". [note]

Lettres de Abraham Chappe à Claude Chappe :

"La Tour de St Pierre dépérit de jour en jour, l'expérience que les architectes de la ville ont fait en est une preuve bien évidente, car des coins qu'ils avaient entrer par force dans les fantes des murs ont tombé au bout de vingt quatre heures, tu peux juger par là que nous n'y sommes pas trop en sûreté…." Et "…la municipalité m'a encore écris une lettre pour me faire connoitre les dangers que je cours sur la tour qui, à la vérité, commence à m'effrayer." [note]

cliquez pour agrandir...Une remise en état s'avérant trop chère, il est décidé de transférer la station sur la tour de l'église Saint Catherine dont le toit pyramidal est abattu, c'est la machine de Biefvillers près de Bapaume, supprimée à la mi octobre 1794 qui va être amenée à Lille. Montée sur Sainte Catherine elle prendra son service fin mai 1795. Il faut préciser que la tour Saint Pierre fut anéantie, sans qu'on puisse savoir exactement si elle s'écroula ou si on en abattit les restes.

On sait que le 9 novembre 1802 un ouragan a renversé le télégraphe sur le toit de l'église, les réparations ont été estimées par l'ingénieur des ponts et chaussées à 451 francs et 82 centimes. Pour la réparation de la couverture en plomb de la plate-forme du clocher sur laquelle le télégraphe est établi le plombier fixe les réparations à 361 francs et huit centimes [note].

Nous apprenons aussi qu'apparemment le concierge de l'église fait visiter le poste de télégraphe en se faisant rémunérer : "Avant de prendre aucune mesure coercitive envers le concierge de l'église Sainte Catherine, j'ai cru devoir vous informer que malgré les nombreuses représentations que j'ai fait au-dit concierge sur l'inconvénient qu'il y avoit a donner l'entrée de la tour pour monter au télégraphe, cet homme ne cesse d'introduire des étrangers dont il exige même rétribution, d'ou il résulte que les personnes qui ont payé se croient en droit d'exiger toute sorte de complaisance des employés et les détournent de leur travail …." [note] . Les administrateurs de la paroisse font réponse le 30 juillet, indiquant que le concierge ne pratique pas de visite payante "mais que différentes personnes étant montées par la porte qui conduit au jubé, ils s'étoient introduits de là au télégraphe sans qu'il ait pu s'y opposer…" La missive se termine ainsi : "nous vous prions, Monsieur, de vouloir défendre à vos ouvriers de jetter sur les toits des ordures qui nuisent à leur conservation et qui y sont en si grande abondance que nos ouvriers refusent d'y travailler."

cliquez pour agrandir...Avec l'arrivée de la ligne de télégraphie électrique, le poste de Sainte Catherine est fermé en 1847, la ligne Lille Paris est la première à être désaffectée au profit de l'électricité. Le 19 novembre 1849 le président du Conseil de Fabrique de la paroisse signale au Maire de Lille que le poste est abandonné. "Il n'en reste plus que la chambre à usage d'observation et quelques pièces de bois qui la surmontent et faisoient partie de l'appareil. Cette chambre n'étant plus occupée ni entretenue ne peut manquer de tomber de vétusté en peu de temps et de devenir la cause de quelque dommage sinon aux passants au moins aux bâtiments de l'église et à ceux du voisinage. Déjà les restes abandonnés ne présentent plus à l'œil de l'observateur que le triste aspect d'une ruine récente… Toutefois, Monsieur le Maire, comme la ville de Lille ne peut présenter aux étrangers qui viennent visiter ses curiosités aucune tour terminée par une flèche, nous croyons devoir vous engager de réclamer de l'administration des Télégraphes la somme qui seroit nécessaire pour le rétablissement de la Tour dans l'état où elle étoit, pour qu'avec cette somme et le subside que vous pourriez obtenir sur les fonds de l'Etat, vous puissiez faire surmonter la tour d'une flèche dans un stile en harmonie avec celui de l'église de manière à avoir un monument complet, digne de fixer les regards d'un touriste. Et si cette proposition ne pouvoit être accueillie, nous vous ferions celle d'établir, au lieu d'une flèche, une plateforme avec une balustrade quadrangulaire."[note]