La publicité a seulement fait son entrée dans le
métro lillois le 1er octobre dernier. Transpole, la régie qui exploite le métro, veut
mettre un peu de gaieté dans ses stations. Et dans ses comptes
Sur la photo,
un critique d'art gavé de petits fours vient de vomir dans un coin et il nous fixe,
honteux, la main sur l'estomac. Décalage et branchitude. Cette réclame pour un site
internet, qu'on a pu voir dans la presse, est la seule à avoir été refusée par la
régie des transports en commun Transpole depuis le 1er octobre, date à laquelle la
publicité a fait son entrée officielle dans le métro lillois.
Ambiance et sécurité
« Cette
affiche est arrivée à l'époque où Franck Tavernier s'était fait poignarder dans le
métro », justifie Fabien Delzenne, le responsable de la communication de Transpole.
« On n'a pas voulu en rajouter ». Le rapport entre une agression mortelle et
le refus d'afficher une pub d'un goût moyen est a priori peu évident. Pourtant, cela
correspond à l'idée que Transpole se fait de la pub : elle doit rendre l'ambiance
plus chaleureuse et aider à lutter contre l'insécurité. Alors du vomi dans un coin, vu
sous cet angle, ça fait tache.
La fin d'un veto antipub
En
1983, au moment de l'inauguration du métro, la préservation de la qualité
architecturale de chaque station avait motivé le veto antipub de la Communauté urbaine
de Lille, et particulièrement de son président Arthur Notebart. Mais les hommes passent
et l'environnement change.
Marc
Lambillotte, de la direction de l'action commerciale de la régie, explique :
« En 1996, nous avons lancé un programme d'humanisation du métro, en prévoyant
des commerces, des agents d'accueil et de la publicité, qui fait entrer la vie de tous
les jours dans les stations ». Si c'est pour l'ambiance, alors pourquoi ne pas
installer des fresques ? « Nous avions aussi l'objectif de recettes
complémentaires », précise honnêtement son collègue Roland Delbarre, responsable
de l'organisation marketing.
Le ticket reste au même prix
De
là à imaginer un ticket moins cher, il n'y a qu'un pas que Marc Lambillotte s'empresse
de ne pas franchir : « La publicité rapportera à terme 5 à 10 millions de
francs par an. C'est dérisoire au regard du déficit annuel de Transpole qui est de 300
millions de francs ». Financièrement, la pub est donc un plus, voilà tout.
Le souci esthétique des premières années n'a pas été
totalement passé à la trappe. Des panneaux lumineux ont été conçus avec l'afficheur
France Bus afin qu'ils s'intègrent mieux aux stations. De toute façon, le métro lillois
reste encore un cas à part. A la différence de ce qui se fait à Paris ou à Lyon, les
rames restent encore vierges de toute annonce commerciale.
Lire également : "Quand
le métro s'arrête"
|