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FACHES-THUMESNIL

Les dessous du commerce

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Les dessous du commerce

Delphine Paysant


façade de la CCI  Lille métropole

La façade de la CCI : un des plus beaux bâtiments lillois

 

 

locaux techniques CCI Lille métropole

Les tuyaux ont envahis les caves de la CCI

(photos Anne-Sophie Pelé)

A quelques mètres sous terre, les sous-sols de la Chambre de commerce et d'industrie de Lille-Métropole représentent un univers à part. Un monde qui tranche indéniablement avec la vie paisible que l'on mène à la surface. Un labyrinthe qui nous entraîne à la frontière des époques et des sensations. Voyage au cœur des mystères de la cité lilloise.

En haut, ambiance feutrée, moquette, climatisation, plantes vertes et secrétaires en tailleur. En bas, bruits assourdissants, murs de briques, chaleur étouffante, tuyaux et bleu de travail. En haut, une administration comme tant d'autres avec ses téléphones et ses dossiers ; en bas, un labyrinthe de couloirs, de portes cadenassées et de secrets enfouis. Les sous-sols de la Chambre de commerce et d'industrie de Lille-Métropole, qui s'étendent sur plusieurs kilomètres de couloirs et de salles en enfilade, recèlent en tout cas de nombreuses surprises. Résurgence d'un autre temps, d'un passé lillois pas tout à fait disparu. Un monde du dessous à mille lieues de l'atmosphère lisse et uniforme de celui du dessus.

Voyage au centre de la terre

L'ascenseur qui descend. Encore et encore. Soudain, une sonnerie retentit. On est arrivé. Où ça ? On ne sait trop. Juste quelque part en bas. La porte s'ouvre. Il fait plutôt sombre. Seuls quelques néons viennent éclairer d'une lueur blafarde les alentours. Face à nous, des murs gris ; au-dessus de nos têtes, des tuyaux multicolores. Devant, l'inconnu. «  On est à peine à trois mètres de profondeur » signale M. Veryepe, directeur des services techniques de la CCI, comme pour nous rassurer. Pourtant, on a plutôt l'impression d'être à vingt mille lieues sous les terres.

Arrive alors une première salle. Le décor est un peu curieux. Sorti d'on ne sait quelle époque. Des murs de briques rouges, des voûtes médiévales donnent au lieu un air de moyen-âge. Mais des bureaux métalliques entassés dans un coin ainsi que plusieurs halogènes nous ramènent à la réalité présente. Et puis des tuyaux, toujours des tuyaux. Rouge, vert, gris, jaune. Par terre, contre les murs, suspendus au plafond. Partout des tuyaux comme dans ces films à l'ambiance futuriste. Bref, c'est un peu Blade Runner au pays des donjons.

 

chaufferie CCI Lille métropole

Au loin, un drôle de bruit. Une sorte de murmure d'abord. Puis le bruit augmente, devient souffle, ronflement, puis enfin grondement. On continue à cheminer dans les allées sombres, on monte, puis on redescend. Des marches, des tournants, des portes qui s'ouvrent et se referment aussitôt. Impossible de revenir en arrière.

Puis soudain, au détour d'une pièce, plus rien. Le son s'est tu brusquement. Juste le silence. Un silence pesant, assourdissant. On continue à progresser dans le dédale. Encore une porte. La clé tourne dans la serrure. Et le bruit reprend, plus fort que jamais. C'est sûr, cela vient de derrière la porte. « On ne descend presque jamais ici. Vous allez voir quelque chose que peu de gens ont l'occasion de découvrir », dit M.Veryepe. On s'attend alors à voir surgir je ne sais quelle créature surgie des profondeurs.

La porte s'ouvre. Et en fait de monstre, il n'y a que trois énormes boîtes rouges qui ronronnent, flanquées ça et là de quelques manivelles et de plusieurs appareils de mesures. « C'est la chaufferie, dit M.Veryepe. Avant, on se servait des vieilles caves à fioul. Mais maintenant, tout est plus moderne ».

On continue à descendre. La température augmente imperceptiblement d'abord, puis devient vite insupportable. « C'est à cause des vapeurs de la chaudière » explique M.Veryepe. Les tuyaux rouges associés à cette chaleur donne à cet endroit un air d'enfer et aux visiteurs l'impression d'être parvenu dans les entrailles de la terre.

Mais ce n'est qu'une impression. Quelques marches et nous voici revenu à un climat hivernal. « Regardez au-dessus de vous », dit M.Veryepe. Au-dessus de nos yeux, une grille au travers de laquelle filtrent quelques rayons lumineux. Et à travers les barreaux, le distributeur de billets de la Poste ! Sans doute, la dernière chose que l'on s'attendait à voir là. « On est passé de l'autre côté du mur d'enceinte de la Chambre », précise M.Veryepe. On est maintenant sous le trottoir, puis sous le boulevard Carnot. Au dessus, les voitures qui passent. Imperturbables. En fait de profondeurs souterraines, nous n'étions qu'à moins d'un mètre de la surface.

De l'enfer au paradis

Mais déjà, le périple continue. Au détour du chemin, d'autres surprises. Un compteur électrique géant , puis une pièce remplie de dossiers et d'étagères. Les archives de la CCI. Un morceau de la mémoire de Lille reposant tranquillement sous la rue Grande Chaussée. Mais le clou du spectacle est ailleurs.

Plusieurs marches à nouveau. Une porte verrouillée qui s'ouvre, laissant voir une pièce tapissée de moquette couleur pastel et garnie de fauteuils confortables. Une grande porte sur notre droite. Les battants s'ouvrent. Et on découvre alors le trésor de la CCI.

 

la salle Descamps

Une immense pièce recouverte de parquets, agrémentée au fond d'une scène et garnie de quatre grandes colonnes en marbre. Les murs sont recouverts de boiseries et de miroirs. Une décoration un peu baroque, quelques statues. C'est la "salle Descamps", autrement dit la salle de réception de la Chambre de commerce.

Depuis plus d'un demi-siècle, cette pièce a vu passer plusieurs congrès, quelques soirées de remise de diplômes, des mariages aussi. Derrière, on trouve des toilettes, des vestiaires et même une cuisine digne d'un chef. Pour un instant, on a complètement oublié qu'à quelques mètres se trouvent ces couloirs tristes et assez lugubres que nous venons de traverser. Qui aurait pu deviner que cette sorte d'Olympe, royaume des dieux reconstitué, se nicherait sous la CCI et tout près des débarras, chaudières et autres compteurs électriques...

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© ESJ - Lille - mars 2001