
Jazz
au 30
(photos : Sara Roumette)
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Fini
le temps des caves sombres et désaffectées, objets de toutes
les angoisses. Désormais, le monde du sous-sol appartient à
ceux qui ne se couchent pas et, de plus en plus, est associé à
l'esprit de la fête. Les bars exploitent leurs caves pour en faire
des salles de concerts et y attirent les noctambules de toutes sortes.
Périple dans les bas-fonds de la métropole lilloise...
« Ce
que j'apprécie quand je viens ici, c'est le mélange de gens
ayant une passion commune, la musique », commente Valérie,
une habituée du 30, rue de Paris, un des deux clubs de jazz de
Lille.
Le mélange, le brassage culturel, c'est en effet un des maîtres
mots des animateurs de la nuit en sous-sol. « On cherche avant
tout à être pluriculturel, en contribuant à développer
la scène musicale lilloise », explique Olivier, barman
au Détour, rue de Fontenoy.
Échanges
Les âges, les genres, les différentes formes d'art... les
caves semblent vouées à faire tomber toutes les barrières ;
du Biplan, rue Colbert, qui propose du théâtre en haut et
de la musique en bas, au Rockline, place Antoine Tacq, qui prévoit
de programmer du gospel, en passant par la Clave, rue Masséna,
qui a pour ambition de livrer au public les secrets du latin-jazz et de
la rumba.
La
liste est non exhaustive, mais significative de cette volonté commune
à tous les sous-sols, de créer l'échange culturel.
« Le
but du 30, explique Harry Rajaobelison, patron du lieu et musicien de
jazz, c'est de faire se rencontrer toutes les sensibilités, et
des musiciens de tous genres et de tous niveaux ». « C'est
aussi un moyen de créer une proximité entre les musiciens
et le public », complète Claire, chargée de communication
au Biplan.
Identités
Mais pourquoi en-dessous plutôt qu'à la surface ? « Quand
on descend les escaliers, on pénètre vraiment dans un univers
particulier », estime Claire. Et chaque cave défend
jalousement son identité. Autant dans sa programmation que dans
l'ambiance qu'elle entretient.
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« Quand
on descend les escaliers, on pénètre vraiment dans un univers
particulier »
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Certaines
ont gardé l'aspect qu'elles avaient au départ, comme le
Rockline par exemple, qui dans un décor presque industriel, de
béton et de métal, convie le public, selon les soirs, à
sauter en écoutant du punk, ou à se balancer au rythme du
reggae. Le Biplan aussi
a choisi de conserver l'apparence originelle de son étage inférieur.
Et sous la voûte en briques rouges, les musiciens vont et viennent
simplement, de la scène au bar au milieu de leur public.
Ambiances
D'autres ont choisi d'offrir aux clients une ambiance feutrée,
avec lumière tamisée et canapés ; comme le 30
par exemple, dont la décoration rappelle le New York des débuts
du jazz et auquel il arrive de recevoir presque en amis, lors de leurs
tournées européennes, des artistes comme Dee Dee Bridgewater
ou Kool and the Gang.
D'autres
encore insistent sur le côté convivial de l'accueil :
couleurs chaudes, expositions d'amateurs, cours de salsa gratuits, tout,
au Détour, tend à illustrer "l'ouverture d'esprit" revendiquée
par le bar.
A
cela on peut rajouter que grâce au cadre particulier dans lequel
elles se déroulent, les nuits en sous-sols ont une couleur plus
confidentielle qui leur donne une sorte de crédit supplémentaire.
La cave est devenu un élément incontournable de la fête
lilloise, les bars l'ont bien compris et les noctambules avertis ne s'y
trompent pas.
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