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Cabarets,
dîners-spectacles se proposent d'allier les plaisirs de la chère
et ceux du divertissement et de satisfaire en une soirée, les différents
sens des spectateurs. La cave permet de créer une ambiance propice
au délassement et à l'amusement des dîneurs, tout
en favorisant les échanges entre les artistes et les spectateurs.
Une
entrée tapissée de tissu rouge, à droite un escalier
très étroit, en colimaçon d'où montent des
bruits de voix, de couverts qui s'entrechoquent. Le lieu de vie est concentré
en bas de cet escalier, qui ne permet le passage que d'une seule personne
à la fois. « Priorité à celui qui monte »,
affirme un client, visiblement amusé par la situation.
En
bas, une cinquantaine de personnes, assises autour de tables disposées
dans une cave voûtée, aux couleurs chaudes. Le rouge des
chaises, de l'escalier, du sol répond à celui des briques.
On est au "Pétrouchka" dans le Vieux-Lille. « L'ambiance
est conviviale, c'est ce qu'on vient chercher dans une cave comme celle-là »,
confie un client. "Convivialité", un terme qui revient
également dans les propos du responsable du "Pétrouchka"
lorsqu'il évoque la cave comme lieu de représentation du
spectacle.
Les chtis à
l'honneur
A
la fin du dîner, les deux comédiens, Alphonse et Zulma font
leur apparition. Avant de rejoindre la scène aménagée
au fond de la cave, ils circulent ou plutôt se faufilent entre les
tables. La proximité entre les acteurs et les clients est immédiate.
La petite taille de la cave, qui crée une atmosphère en
vase clos, renforce l'ambiance intimiste de la pièce et il y a
presque un effacement de la frontière entre les dîneurs et
les comédiens.
A
travers les sketches mettant en scène la vie du ménage et
les chansons comme "le p'tit Quinquin" , les spectateurs partagent
des tranches de vie du couple chtimi Alphonse et Zulma. « On
se sent presque en famille », confie un client de fort bonne
humeur.
Mais
c'est avec les numéros de prestidigitation et de communication
de pensée du grand fakir Alphonso que se met en place une véritable
interaction entre les comédiens et les spectateurs. Après
une de ses prestations, Alphonso demande à une jeune femme :
« Vous avez compris ? ». La jeune femme plutôt
perplexe, répond par la négative et le grand Alphonso réplique : « Revenez
demain ! ». Des spectateurs interpellent les comédiens,
s'essaient à quelques boutades qui font rire la salle.
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"Entre soi"
« La
cave ? Cela crée une ambiance conviviale, bon enfant »,
confie ce patron d'un autre cabaret au nom explicite, "La petite
cave". Là encore, le centre névralgique se situe dans
un sous-sol, au plafond bas, tapissé de bleu et qui accueille une
quarantaine de dîneurs. Le décor est entièrement consacré
à la chanson française du XXe siècle. Sur les murs,
des photos de chanteurs, des pochettes d'album.
Cette
fois, aucune scène n'est aménagée, les artistes se
produisent au milieu des clients. « On n'est pas sur une scène,
c'est très différent. On circule entre les tables et ce
qu'il y a d'extraordinaire, c'est la proximité avec le spectateur »,
explique Jean-Philippe, chanteur.
Pendant
que les clients dînent, les interprètes se succèdent,
égrenant les grands succès de la chanson française.
« Pour les chanteurs, c'est plus facile. Dans une cave, ils
tiennent le public captif, il est plus aisé de mobiliser l'attention
des spectateurs », affirme un dîneur.
Le
spectacle est rythmé par les déambulations des artistes,
au nombre de quatre ou cinq, qui arrivent par un escalier, repartent par
un autre, s'installent pour plusieurs chansons puis laissent la place
à un autre chanteur. Ce constant roulement, mêlé aux
allées et venues des serveuses, accroît l'animation et le
dynamisme de cette cave, mais aussi l'impression que l'on est "entre
soi".
Le prix de la
convivialité
Cette
convivialité qui donne aux cabarets et dîners-spectacles
une atmosphère bon enfant a aussi ses contraintes. Le choix de
la cave, comme lieu de spectacle, implique, en effet, des difficultés
spécifiques. Pas de fenêtre ou d'accès direct sur
l'extérieur : les conditions de sécurité sont
donc plus draconiennes qu'en rez-de-chaussée, que ce soit au niveau
du nombre de sorties de secours ou d'extracteurs de fumée.
Le
nombre de places limité qui participe grandement au caractère
intime des spectacles peut également être une contrainte.
« Il est vrai que l'on doit refuser du monde, à cause
du petit nombre de places », confie le patron de "La petite
cave", qui envisage d'ouvrir une cave plus grande. Tout l'enjeu sera
alors de sauvegarder l'ambiance, qui fait aujourd'hui le succès
de ces caves.
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