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Lillois
en mal de catacombes, ne désespérez plus ! Si le sous-sol
de la métropole se prête mal à la chasse au dragon,
l'association Créateurs d'Univers se charge de dénicher
pour vous les sous-terrains qui mènent au monde de Hârn...
Frisson garanti, pour peu que vous consentiez à faire quelques
kilomètres.
« Le
problème du Nord-Pas de Calais, c'est qu'on s'est mangé
deux guerres mondiales, qui ont tout foutu en l'air. » Pas
facile d'organiser des jeux de rôles grandeur nature à Lille
ou dans ses environs immédiats. Depuis dix ans qu'il préside
l'association Créateurs d'Univers, Christophe Ghesquier a passé
la région au peigne fin, à la recherche de vestiges du passé
recèlant si possible leur lot de sous-terrains : rien d'exploitable.
Pourtant,
Lille est ceinturée par une douzaine de forts enterrés,
la plupart en parfait état. Et pour cause : ils n'ont jamais
servi. Construits au lendemain de la défaite de 1870 pour parer
à l'éventualité d'une nouvelle guerre franco-allemande,
ils ont été rendus obsolètes dès 1885 par
la découverte de la mélinite, un nouvel explosif auquel
leur blindage ne résistait pas, et rapidement déclassés.
Entre
1914 et 1918, leur usage militaire se réduisit au stockage du matériel
et dès l'entre-deux-guerres, l'armée a commencé à
les vendre aux enchères les uns après les autres.
Forts imprenables
Du
coup, celui de Lompret, en partie comblé, est aujourd'hui recouvert
par une base de loisir et on a construit un lotissement par dessus celui
de Prémesques. Ceux de Babylone et de Bondues, rasés, ont
donné lieu l'un à une piscine, l'autre à un stade.
A
Tressin, on en a carrément fait un dépôt d'ordures.
A Mons-en-Baroeul ou à Seclin, au contraire, on a choisi de les
retaper : le premier abrite un restaurant et le second s'apprête
à devenir un musée de la cavalerie et de l'artillerie. Il
reste bien Englos ou Sainghin-en-Mélantois, qui n'aient pas été
reconvertis. Mais, plus ou moins laissés à l'abandon, ils
sont peu sûrs.
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Pour
organiser leurs séjours en pension complète dans le monde
imaginaire de Hârn, les Créateurs d'Univers sont donc contraints
de s'exiler. Le plus proche de leurs points de chute est la batterie de
Bruyères-et-Montbérault, près de Laon, dans l'Aisne.
A 190 kilomètres de Lille, donc. C'est là que le prochain
jeu doit avoir lieu, au cours du week-end de Pâques.
Pourquoi
aller aussi loin pour le simple plaisir de s'enterrer ? Christophe
Ghesquier explique : « Pour organiser un jeu de rôle
grandeur nature, il faut un environnement exotique. Les sous-terrains
ne sont pas des endroits que les gens fréquentent habituellement
et ils ont un côté mystérieux. En plus, il y a toute
une sous-culture liée aux sous-terrains : les elfes, les nains
sont censés y vivre... »
Mais
pour les Créateurs d'Univers, les sous-sols présentent aussi
des intérêts pratiques : la température y est
constante et on y est à l'abri de la pluie. Par ailleurs, l'ombre
d'un tunnel masque mieux les imperfections d'un costume rudimentaire que
celle des frondaisons d'une forêt, par exemple. Bref, perdu dans
le dédale d'un sous-terrain, on peut vraiment, le temps d'un week-end,
se consacrer tout entier à combattre les copains.
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