|
|
Quand certaines pratiques
culturelles s'affichent au grand jour, d'autres, plus confidentielles, se
font un devoir de s'enterrer. L'Underground, qu'on pourrait traduire en
français par "souterrain", est une démarche, une
attitude. A Lille, certains musiciens, acteurs ou plasticiens se fichent
pas mal de la notoriété et continuent à créer
pour un public restreint d'amateurs.
Mercredi
7 février, 22h00. A travers la vitre du Rockline, un
café-concert de la place Antoine Tacq, les crêtes
dressées de quelques punks tout droit sortis des années
1980, émergent de la fumée. Mais il ne faut pas se fier
aux apparences : dès que l'on pousse la petite
porte, on croise une faune des plus diverses, secouant la
tête au rythme des décibels qui remontent de la cave.
Un public d'amateurs
Ce mercredi soir, c'est
le punk qui est à l'honneur. Mais l'Underground concerne aussi
le hip-hop, le reggae, la techno... Même les arts plastiques ou
le théâtre peuvent ête Underground. Seule condition,
avoir affaire à un public de passionnés. Morceau de choix
de la soirée, le groupe de ska-punk américain Reel Big Fish,
qui mélange cuivres jamaïquains et guitares saturées.
Quand le chanteur lance au public « Qui nous connait, ici ?
Et qui a un de nos albums ? », les trois-quarts de l'assemblée
se manifestent en criant. Un sacré succès pour un groupe
dont on trouve à peine les discs dans les bacs de la FNAC.
La diversité
des styles règne au sein du public. Du « Papy punk »
de 1977 à l'étudiant propre sur lui, en passant par toute
une gamme d'habits, de coiffures et de façons de vivre la musique,
l'Underground rassemble au delà des clivages. Chacun à sa
manière est là pour profiter du moment. L'Underground a
cela de particulier qu'il donne lieu, malgré son relatif isolement
médiatique, à des événements d'une convivalité
intense.
Un monde, une
culture
La cohérence
de cet univers particulier tient avant tout à son fonctionnement
en réseau. Les disquaires spécialisés, les associations,
les bars à thème sont autant de relais de l'information
qui circule par le biais de "flyers" (prospectus photocopiés
à la va-vite), des fanzines, et aussi de certains sites internet.
Rien qu'en se rendant au Rockline, les fans de Reel Big Fish ont pu dénicher
sur les affiches une kyrielle d'autres dates de concert pour les semaines
à venir. POur être souterrain, l'Underground n'en est pas
moins un monde accessible, pour qui veut s'en donner la peine. Quant aux
paresseux, ils n'ont qu'à regarder MTV.
|