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Des caves qui parlent

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Des caves qui parlent

La Grande Chaussée nous montre ses dessous

Vanessa Marguet

 

 

Les caves de Lille peuvent se visiter pendant les journées du Patrimoine avec Jean-Denis Clabaut.

Les caves de "La puce à l'oreille", "Jean-Pierre Ricour" et "De Childert" sont ouvertes au public. 

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Photos Blandine Flipo

Une voûte en arête, des colonnes de grès, un chapiteau à crochet du XIIe siècle. C'est un univers rempli d'histoire qui se cache sous la rue de la Grande Chaussée, jusqu'à la place de Louise-de-Bettignies. Vingt-six caves médiévales ont été découvertes. Elles nous livrent leur secret.

« On peut tirer énormément de fils à partir des caves. Elles nous parlent du passé ». Lorsqu'il a commencé il y a cinq ans à gratter et à fouiller les dessous de Lille, l'archéologue Jean-Denis Clabaut a découvert le plus ancien patrimoine architectural civil de la ville. Vers la place Louise-de-Bettignies, on trouve par exemple six caves voûtées soutenues par des colonnes avec chapiteaux. L'expert fait remonter les lieux à la seconde moitié du XIIIe siècle. 

La présence de la pierre est un premier indice pour parvenir à une datation. « Les caves médiévales sont toutes en pierre. La brique n'est apparue qu'au milieu du XVe sicèle » explique Jean-Denis. C'est la particularité des reliefs sculptés qui permet d'aller plus loin dans les hypothèses. Les sous-sols des magasins "La Puce à l'Oreille" et "Jean-Pierre Ricour" parlent alors des occupations de la bourgeoisie du XIIIe siècle. « C'étaient des caves pour le commerce et le stockage du vin ». Les archives et la présence du port de Lille juste à côté, sur la place Louise-de-Bettignies, le confirme.

L'existence de chapiteaux décorés permet même de penser que ces celliers étaient ouverts aux acheteurs potentiels. A l'époque, la ville entretenait plutôt des relations commerciales avec le nord du pays. « Avant le XVe siècle, on utilise du grès de Béthune dans les fondations. Après, on commence à trouver de la pierre de Tournai. Preuve que les échanges ont évolué ».

Une cave du XIe siècle

Il n'y a pas que les matériaux utilisés qui changent. Les volumes aussi, mais en fonction de la géographie cette fois. « Il y a un dôme géologique. Plus on monte vers la Grande chaussée, plus les caves sont hautes, jusqu'à 3m 80 sous le magasin Lacoste ». Cette immense cave du XIe siècle est particulièrement mystérieuse. C'est celle de tous les superlatifs : la plus ancienne, la plus large. Elle contraste particulièrement avec celles qui l'entourent, beaucoup plus petites et parcellarisées

Un sondage a permis à l'archéologue d'en extraire d'intéressantes interrogations. Entre les différentes couches d'argile et de pierre, il a retrouvé près d'une colonne un plomb, comme ceux qu'on utilisait pour sertir les ballots de drap. « Alors est-ce que c'est la première halle aux draps de la ville ? ». Jean-Denis n'a aucune certitude. 

Le lieu a d'autres mystères : les traces de deux escaliers de façade confirment une ouverture sur la rue que l'on ne retrouve pas ailleurs. « L'association Renaissance du Lille Ancien a le projet de rénover cette cave. Mais rien n'est sûr pour l'instant » souligne le passionné. S'il devait avouer un penchant pour l'une des vingt-six caves qu'il a visité, ce serait pour celle-là. Mais fidèle à sa passion, il a une histoire à raconter sur chacune d'entre-elles.

Sept ouvriers dans une cave

Certains sous-sols ont une particularité notable. En face, chez "Hermès", on trouve la seule cave qui a conservé des traces d'un plancher d'origine. D'autres ont un vécu. Un peu plus loin, sous le magasin "De Childert", le cellier médiéval est chargé de l'empreinte de la révolution industrielle. « C'est dans cette cave qu'un médecin a retrouvé deux enfants morts en 1812. Plus de sept personnes vivaient ici dans des conditions difficiles. » raconte l'archéologue. 

Le surpeuplement de l'époque poussait les familles d'ouvriers à s'entasser dans ces caves. Les mêmes dont se servent aujourd'hui les magasins de luxe. De l'autre côté de la rue, des passages ont été creusés pendant la seconde guerre mondiale, pour permettre aux résistants de se déplacer par les sous-sols. Ce n'est pas seulement l'histoire médiévale que racontent les dessous de la Grande Chaussée, c'est une histoire millénaire.

Lire également : "Capitaine Caverne"

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© ESJ - Lille - mars 2001