Les
caves médiévales de Lille
éditions Septentrion

Jean-Denis Clabaut
(photo
: Blandine Flipo)
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Passionné
d'archéologie, Jean-Denis Clabaut a étudié les caves
médiévales de Lille pendant cinq ans. Il en a tiré
un livre qui doit sortir à la fin mars
. Il est considéré comme "LE" spécialiste
des sous-sols lillois.
Trente ans
que cela dure. Trente ans que Jean-Denis Clabaut, 35 ans, a pour meilleurs
amis un marteau et un burin. « J'avais cinq ans et demi, et
en regardant un livre de géologie, j'ai vu une photo d'un paléontologue
en train de nettoyer un squelette. J'ai dit que c'était ça
que je voulais faire. Ça a été un déclic. »
Pourtant, Jean-Denis
a choisi d'être instituteur. « J'avais besoin de gagner
ma vie », confie-t-il. Mais il a toujours continué l'archéologie,
parallèlement à ses autres activités. Chantiers de
fouilles bénévoles dès l'âge de 14 ans, fouilles
à l'étranger pendant ses études à l'Ecole
normale, puis études d'archéologie en même temps que
ses premières années de travail.
« Je me
suis intéressé aux sous-sols par hasard »
Titulaire d'une maîtrise d'archéologie - consacrée
aux sous-sols de Douai - Jean-Denis mène aujourd'hui une double
vie : instituteur le matin, archéologue l'après-midi.
« Je me suis intéressé aux sous-sols par hasard
», raconte-t-il. « Je cherchais un sujet de maîtrise,
et je voulais faire une recherche qui soit utile à des archéologues.
Comme une étude très intéressante du sous-sol de
Gand venait de sortir, j'ai décidé de faire la même
chose pour Douai ».
Depuis, Jean-Denis est devenu en quelque sorte le spécialiste
de l'étude des sous-sols. De fil en aiguille, on lui a suggéré
de travailler sur ceux de Lille. « Avant, on ne savait pas
très bien ce qu'il y avait de moyen-âgeux dans les sous-sols
de Lille. Quelques caves avaient été repérées
mais sans aller plus loin », explique-t-il. « Il
était donc nécessaire de pousser plus avant les recherches,
pour mieux connaître l'histoire de la ville au moyen-âge ».
Deux jours par
semaine sous terre
Frapper aux portes de 895 maisons, sonder, creuser des trous
dans le sol et les parois, consulter des archives, rencontrer des historiens : tel
a été le travail de Jean-Denis Clabaut pendant cinq ans. Chaque semaine,
il a passé deux jours dans les caves du Vieux Lille, et autant de temps
le nez dans les archives. « Les caves, on y est au frais »,
plaisante-t-il pour évoquer les heures passées à creuser au burin dans
une couche d'argile compacte.
Le livre tiré par Jean-Denis de ses recherches est lui
aussi assez "compact" : épais volume transporté
dans sa sacoche, il répertorie toutes ses découvertes. Six
mois après la fin de son travail, "l'homme des caves"
est d'ailleurs connu comme le loup blanc. Toutes les recherches sur les
sous-sols mènent à lui. Ce qui a valu à Jean-Denis
l'an dernier la médaille du patrimoine de la ville de Lille. « On
finit par me remarquer », constate-t-il.
Un travail qui
fait tache d'huile
Jean-Denis Clabaut commence, de son côté, à
faire connaître les 26 caves médiévales de Lille :
il les fait visiter chaque année pour les Journées du patrimoine,
et y a emmené des élèves de CM1 et CM2 de son école
de Lille-Moulins. Et ce n'est pas parce qu'il a terminé d'étudier
les caves de Lille qu'il a cessé toutes recherches : il travaille
actuellement sur le recensement des caves de Seclin. « On m'a
aussi demandé d'aller à Tournai, Béthune... »,
énumère-t-il. Et de s'enflammer : « il
est nécessaire de recenser ce patrimoine pour toutes les villes
du Nord avant que les parkings n'aient tout remplacé ».
Mais ce Nordiste « de la région de Lille,
Douai et Valenciennes », marié et père de trois
enfants, n'a pas l'intention de s'attaquer seul à l'étude
de tous les sous-sols de la région. Il consacre désormais
plus de temps à rédiger des publications, des articles ou
à faire des cartes. Il envisage aussi de commencer une thèse
sur « l'intérêt de l'étude des caves comme
nouvelle compréhension de la ville ». Descendre dans
les caves ? Il veut aussi le laisser à d'autres. « Le
travail sur Lille a déjà entraîné une recherche
identique dans d'autres villes, comme à Valenciennes »,
souligne l'archéologue. « Et à Lille, les gens
commencent à s'intéresser de plus en plus à leurs
caves ». Jean-Denis Clabaut aurait-il éveillé
l'intérêt de ses concitoyens pour les sous-sols ?
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