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FACHES-THUMESNIL

Ici reposent ... Le cimetière de Lille-Sud

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Le cimetière de Lille-Sud

Ici reposent ...

Aurélia End


 

vue générale de Lille en 1900, lien vers image taille réelle

Vue générale de Lille (1900)

 

 

 

Gustave Delory, maire de Lille

Gustave DELORY, maire de Lille (1886-1890)

 

 

 

l'explosion des casernes de Moulins en 1916, lien vers image taille réelle

L'explosion des casernes de Moulins (1916)

Lille industrielle, Lille patriote mais aussi Lille ouvrière, misérable : ce cimetière, créé en 1864, est un reflet précieux de la mémoire lilloise. Comme dans une mosaïque, les destins individuels, brillants ou humbles, s'imbriquent pour composer l'histoire collective.

Une fois passée la grande arche, les bruits de la ville s'assourdissent, l'atmosphère se fait feutrée. Entre ses murs, à l'abri de ses arbres, le cimetière se tait. La grille s'ouvre sur la partie la plus ancienne du lieu. Les allées y sont tortueuses, les sépultures un peu désordonnées.

Désiré Verhaeghe repose là, près de l'entrée. Au début du XXe siècle, en pleine révolution industrielle, ce médecin est un pionnier de la lutte contre la tuberculose. Disciple de Pasteur et de Guesde, il lutte inlassablement contre cette maladie liée aux misérables conditions de travail des ouvriers. Il travaille avec des hommes du peuple et prêche l'hygiène dans les taudis. A sa mort, la municipalité finance sa tombe et la statue qui la surplombe. Le savant contemple désormais ses visiteurs d'un air débonnaire à travers son curieux lorgnon métallique.

Ouvriers et patrons, côte à côte

Dans l'allée voisine se trouve la tombe en marbre blanc de Gustave Delory. Ce célèbre syndicaliste est maire de Lille de 1896 à 1900. Ardent porte-parole de la cause ouvrière, il commence comme peigneur dans une industrie textile, et finit sur les bancs de l'Assemblée Nationale. Il est avec Jules Guesde l'un des fondateurs du Parti ouvrier.

Au tour des patrons : parmi quelques stèles modestes s'élève le caveau de la famille Thiriez. Cette dynastie de la filature a animé la vie industrielle locale à la fin du XIXe siècle. Le monument est à l'image de la lignée : imposant, riche. Il rappelle le pouvoir d'Alfred Thiriez à partir de 1889, ce mélange d'esprit d'entreprise et de paternalisme caractéristique des grands manufacturiers de son époque.

Cicatrices de la guerre

Quelques pas de plus suffisent pour découvrir le "carré des dix-huit ponts." Ni statuaire imposante ni marbre monumental, mais des rangées de croix toutes simples, bien alignées dans l'herbe. Le 11 janvier 1916, les casernes de Moulins, dites "des dix-huit ponts", explosent. Le quartier est détruit et l'on relève une centaine de cadavres. La ville de Lille fait l'acquisition d'une parcelle pour accueillir les victimes civiles. Le carré sera ensuite ouvert à toutes les victimes de guerre. Le martyre des populations civiles en temps de guerre fait enfin l'objet d'une reconnaissance officielle, auparavant réservée aux militaires.

Au hasard des allées, on ne croise pas seulement des destinées tragiques. L'histoire de Charles Bacqueville illustre une joyeuse tradition de la vie lilloise : les fanfares. L'homme moustachu aux joues rebondies, représenté en médaillon sur la stèle, était une vedette du cornet à piston dans les années 1890. Ses compagnons de fanfare ont financé sa sépulture, en hommage à ce genre musical si populaire.

L'Internationale : une si longue imposture

Autre musicien, autre histoire, moins gaie celle-là. Dans un coin du cimetière, une dalle polie par le temps disparaît sous les buissons : c'est là que repose Adolphe Degeyter, longtemps considéré comme le compositeur de l'Internationale. En 1883, c'est pourtant son frère Pierre qui écrit la musique de l'hymne ouvrier. Mais une confusion intervient. Le public ne retient que le nom d'Adolphe, qui a le premier prêté sa voix au chant révolutionnaire.

Adolphe joue le jeu, pour punir son aîné d'avoir quitté le Parti ouvrier. Jusqu'à ce qu'il se suicide, laissant une lettre qui désigne Pierre comme seul compositeur de la fameuse musique. Cette fin tragique prend une tournure encore plus pathétique en 1922 : la Cour d'appel de Paris ordonne que soit effacée sur la tombe d'Adolphe Degeyter toute référence à l'Internationale.

Tous ces parcours individuels se croisent pour composer la photographie du Lille du XIXe siècle. Le cliché n'est pas complet, il est un peu jauni, mais on y distingue bien les ombres et les contrastes. Et paradoxalement, entre les tombes et les caveaux, c'est de vies que nous parle ce cimetière. De ces vies longues ou courtes, misérables ou faciles, glorieuses ou anonymes, qui font l'histoire d'une ville.

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© ESJ - Lille - mars 2001